Pollution
Humain
Environnement
Economique

Un nuage de cyclohexane explose violemment dans une usine de caprolactame en zone rurale ; 28 employés sont tués et 89 blessés graves sont à déplorer dont 53 personnes du public. Explosion et violents incendies provoquent des dommages matériels considérables, tous les bâtiments sont détruits dans un rayon de 600 m, 1 820 habitations et 167 commerces sont plus ou moins endommagés. Le montant des dégâts matériels internes, enlèvement des débris et coûts de réhabilitation sont évalués à 267 M€ (basé sur les indices de valeur à décembre 2019).

Le caprolactame est synthétisé par oxydation catalytique du cyclohexane à 155 °C et sous 8,8 bar dans 6 réacteurs en série ; 250 à 300 m³/h de liquide transitent par des tuyauteries droites de 28” (711 mm) de diamètre reliées aux réacteurs par des soufflets de dilatation en acier inoxydable.

Une fuite de cyclohexane avait été détectée en mars sur le réacteur n° 5 fêlé verticalement en raison d’une corrosion sous tension en présence de nitrates. Pour le réparer sans arrêt prolongé de la production, une conduite de by-pass coudée est prévue pour relier les réacteurs 4 et 6. L’usine est en pleine réorganisation. En l’absence de capacités d’ingénierie et d’un encadrement suffisants, une conduite de 20” (50 cm) de diamètre est installée sans étude préalable, puis l’unité redémarre sans contrôle ni test préalables appropriés. La production reprend ainsi du 1/04 au 29/05 sans qu’aucun problème ne soit rapporté.

Le samedi 1er juin, l’unité est arrêtée puis redémarrée à plusieurs reprises, de petites fuites de cyclohexane semblant se colmater elles-mêmes. La déflagration à 16h53, perçue jusqu’à 50 km, rase le site et est suivie de plusieurs incendie générant des flammes de 70 à 100 m de haut.

L’enquête conclue à la rupture par cisaillement des 2 soufflets de raccordement de la conduite provisoire de 20” et à une fuite massive de 40 à 60 t de cyclohexane chaud sous pression. Le nuage formé s’est enflammé à 100 m de la fuite 25 à 35 s plus tard sur la tour de reforming de l’unité hydrogène. Ces conclusions, rendues en avril 1975, ne font cependant pas l’unanimité et différentes théories quant aux causes de l’accident font l’objet de publications dans les décennies suivantes.

Le contexte général de fonctionnement du site a largement contribué à la genèse de la catastrophe avec un encadrement en sous-effectif (le responsable de l’entretien qui a quitté l’usine depuis 6 mois n’a pas été remplacé…), une situation en infraction par rapport à la réglementation (stock de produits dangereux 50 fois supérieure aux quantités autorisées) et connaissait de graves difficultés économiques. Cet accident conduit à une évolution notable de la réglementation anglaise et européenne.

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