Pollution
Humain
Environnement
Economique

Dans un complexe pétrochimique, 2 explosions se produisent vers 3 h du matin dans un parc de stockage : 2 bacs sont en feu, leurs toits flottants endommagés. Le 1er contient 11 300 m³ d’essence de pyrolyse (coupes C5 à C9). Le 2ème, distant de 300 m, contient 48 000 m³ de naphta (coupes d’hydrocarbures légers). Les pompiers internes, appuyés par les équipes des usines voisines, interviennent en nombre. L’exploitant déclenche son POI et prévient les secours. Une importante fumée noire est visible dès l’aube à plusieurs kilomètres.

D’importants moyens de lutte sont mis en œuvre

Les autorités lancent une cellule de crise à 5h35. Les forces de l’ordre ferment une bretelle d’autoroute pendant 7 h. Les 2 départementales menant au site sont fermées pendant 12h30. L’accès au parc de stockage est restreint.

Les pompiers publics arrivent aux abords du site vers 3h40 avec 120 hommes et 64 engins. Leur intervention en soutien des pompiers du site débute vers 7h30. Puisant de l’eau dans l’étang voisin, 6 lignes d’arrosage longues de 1,8 km alimentent 1 fourgon mousse grande puissance et 3 berces émulseur.

Priorité est donnée à l’extinction du 1er bac d’essence. L’incendie de ce bac est éteint à 4h35 après une attaque massive à la mousse par les pompiers du site. Un tapis de mousse est maintenu jusqu’à 12 h. L’extinction du 2ème bac de naphta débute à 6h20 et se termine à 11h15. Un tapis de mousse est maintenu jusqu’à 15 h. Son toit flottant coule 48 h après. La structure des 2 bacs reste intacte. Les secours extérieurs quittent le site vers 20h30. 170 m³ de mousse ont été utilisés.

Découverte d’un 3ème bac accidenté

Le lendemain vers 11 h, l’examen du toit flottant d’un bac adjacent contenant 25 000 m³ de condensats révèle la présence d’un système de mise à feu et d’une brèche de 4 m² en partie centrale. Le toit, partiellement submergé, n’a pas coulé et le risque d’inflammation est toujours présent. Les dégâts sur les 3 bacs sont chiffrés à 18 M€.

La pollution générée crée des nuisances pour le voisinage

Pendant la durée des phases de vidange, l’évaporation des hydrocarbures depuis les bacs accidentés et leurs cuvettes provoque une pollution locale de l’air au COV (Composés Organiques Volatils) et BTEX (Benzène, Toluène, Ethyl-benzène, Xylène) pendant une dizaine de jours.

L’association de surveillance de la qualité de l’air mesure des pics de concentrations en polluants (BTEX, ozone) dans la ville voisine de Berre dès le lendemain. Des riverains se plaignent, 2 jours après l’accident, d’odeurs d’hydrocarbures, de maux de têtes et d’irritations aux yeux, à la gorge et au nez.

A la suites des mesures prises pour réduire la pollution, ces concentrations diminuent pendant les 7 jours suivant l’accident, puis baissent sensiblement au bout du 8ème, tout en restant supérieures aux moyennes locales.

Un an après, un suspect, qui aurait agi seul, est mis en examen et écroué dans le cadre de l’enquête ouverte pour destruction volontaire de biens par explosifs et transport de substances explosives. Lors de son procès à la cour d’assises des Bouches-du-Rhône, 5 ans plus tard, il est également reconnu coupable de l’attaque à l’explosif d’une usine de charcuterie (ARIA 42074). Il est condamné à 15 ans de réclusion criminelle avec une mesure de sûreté des deux tiers. Par l’attaque du complexe pétrochimique appartenant à une multinationale américaine, il affirme avoir voulu dénoncer “la politique guerrière des Etats-Unis pour s’approprier les ressources pétrolières”, en réalisant “un truc spectaculaire”.

Les bacs sont vidangés, dégazés, écrémés et ventilés. Concernant les mesures de protection de l’environnement, les terres polluées sont excavées (surface comprise entre 0,5 et 2 ha). Pour limiter la pollution de l’air, un tapis de mousse est mis en place sur 2 bacs. Un barrage anti-pollution est également posé à l’exutoire dans l’étang de Berre. Les valeurs en sortie de la station de traitement restent normales. Les résultats de surveillance des nappes souterraines au sud-est du site montrent la présence de surnageants dans les puits des piézomètres, ainsi que des concentrations en BTEX élevées à certains endroits. La pollution résultant de l’accident pourrait avoir accentué une pollution préexistante dans cette zone. Le 14ème jour après l’accident, des surnageants apparaissent au niveau d’une résurgence située à une centaine de mètres du parc de stockage, à l’extérieur du site. Les surnageants sont pompés et traités.

À la lueur de cet événement et de celui de Saint-Quentin-Fallavier (ARIA 46767), une réunion est réalisée dès le 17/07/15 entre la ministre de l’environnement et plusieurs industriels pour travailler sur le thème de la malveillance. La ministre de l’environnement annonce que les sites Seveso seront inspectés sur cette thématique avant la fin de l’année 2015.

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