Pollution
Humain
Environnement
Economique

Lors d’un dépotage de déchets liquides concentrés dans une usine chimique, le chauffeur du camion-citerne décède. Celui-ci se présente vers 9h30 à l’accueil et est rejoint sur le site de dépotage par l’agent de sécurité de l’usine. Le transfert d’une cuve vers 2 des 4 compartiments de la citerne (20 m³) commence. En fin de dépotage, le chauffeur arrête le klaxon d’alarme de fin de remplissage puis ferme les vannes de fond pour isoler les compartiments. Il passe de l’autre côté du camion (côté gauche) pour isoler la pompe à vide et revient du côté droit pour la suite de la manœuvre mais il s’écroule au niveau de la cabine. L’agent de sécurité veut le secourir mais se sent mal en arrivant près du chauffeur, s’éloigne puis retourne en apnée le chercher. Il demande à un employé d’appeler les pompiers, interdit l’accès aux autres employés et enfile un ARI pour arrêter le moteur du camion. Vu son état, les pompiers appellent une 2ème ambulance, la première emmène le chauffeur qui décède peu après.

L’autopsie montre que la mort est due à l’inhalation d’H2S. L’agent de sécurité n’aura aucune séquelle. Les analyses montreront que la citerne et la cuve contiennent une solution saturée en H2S. Ce dernier est produit lors de la fabrication d’un principe actif d’un produit pharmaceutique (12 % en poids par rapport à la substance synthétisée). Le H2S doit être neutralisé selon une procédure stricte et précise : introduction de soude et d’eau oxygénée puis rajout d’eau de javel jusqu’à l’absence d’ions sulfurés. L’eau oxygénée initialement prévue a été remplacée par de l’eau de javel. En l’absence d’un appareil de mesure d’H2S, la réaction n’est contrôlée que par le sens olfactif de l’opérateur, le traitement est réalisé par ajout successifs sans contrôle du bon déroulement des réactions et sans suivre la feuille de marche. Les effluents ainsi produits, non contrôlés et contenant encore du H2S non neutralisé sont envoyés dans la cuve. Lors de son transvasement vers la citerne routière, le pompage par le vide des effluents chargés en H2S dissous et partiellement neutralisés a permis l’extraction de ce dernier, rejeté à l’échappement de la pompe.

A la suite de cet accident, l’exploitant établit des consignes strictes, des procédures écrites et des feuilles de marche bien détaillées. Il adresse à l’inspection des IC plusieurs documents : le mode opératoire relatif à la réaction produisant le H2S revu et corrigé, celui concernant la destruction des sulfures et leur stockage, la procédure de transfert des effluents concentrés, le plan de prévention signé avec l’entreprise collectant les déchets de l’usine, les différentes notes internes concernant les mesures prises, l’arbre des causes et les plans d’action étudiés avec un cabinet conseil, la procédure de transfert des effluents concentrés des ateliers vers les cuves de transfert ainsi que le rapport rendu par le cabinet conseil concernant la validation du plan d’action décidé par l’exploitant.

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