Pollution
Humain
Environnement
Economique

Un pipeline transportant du chlore gazeux (Cl2) explose entre une plateforme chimique (producteur) et un fabricant d’élastomères (utilisateur).

La canalisation, construite en 1961 pour le transport d’acide chlorhydrique (HCl), est exploitée depuis 1986 pour transférer du Cl2 désoxygéné et séché. D’un diamètre de 200 mm et de 3 600 m de long, en acier peint, calorifugée et tracée sur la partie externe supérieure par un tube de chauffage par effet de peau, elle fonctionne à 4 bar relatifs et 30 °C. Depuis la veille, la production étant stoppée pour un arrêt de maintenance de 10 j, la pression dans le ‘chloroduc’ a été ramenée à 0,25 bar.

L’explosion a lieu hors du site utilisateur et à 150 m du point de livraison ; la canalisation rompue en 4 points porte des traces d’ondes de choc internes sur 70 m de long. Aucune victime n’est à déplorer, malgré de nombreuses projections de débris de tuyauterie dans un rayon de 150 m. La quantité de Cl2 émise est évaluée à 475 kg. Les dommages relevés (rupture en hélice, onde de pression…) indiquent le caractère détonant de l’explosion. Les conséquences matérielles sont importantes sur les 4 autres canalisations (diam. 100 mm) du rack aérien : 2 conduites d’azote (13 b, 2 à 3 000 m³/h) sont déformées mais ne présentent pas de fuite – leur pression est ramenée à 10 bar, celle d’oxygène (10 b) endommagée est vidangée, la dernière désaffectée est sous azote (N2) à pression atmosphérique.

Une explosion H2 / Cl2 serait à l’origine de l’accident. La formation d’H2 (20%) s’explique par la combinaison de plusieurs éléments : introduction accidentelle d’humidité dans la conduite lors d’une ancienne opération de maintenance entraînant l’hydratation du chlorure ferrique présent, changement de phase cristalline du dépôt dû selon l’exploitant à un chauffage excessif de la conduite (80 à 90 °C) favorisant l’attaque de l’acier (par l’acide hypochloreux) et la formation d’H2, chauffage résultant quant à lui d’une perte d’alimentation électrique d’un capteur de température après rupture d’un câble sur le site de l’utilisateur lors de la manipulation mal maîtrisée d’une dalle de protection de l’ouvrage 3 jours plus tôt.

En fait, la proportion d’hydrogène (20%) dégagée dans le Cl2 gazeux contenu dans la canalisation isolée à chaque extrémité, à faible pression (0,25 bar) constituait un mélange explosif qu’une très faible énergie d’initiation de l’ordre de la dizaine de microjoules suffisait à allumer.

L’exploitant nettoie l’intérieur de l’ouvrage (2,5 à 3 t de résidus minéraux et organiques extraits) et prévoit la mise en place de sondes de température tous les 500 m avec sécurités basse et haute, la révision et la sécurisation du traçage électrique, des contrôles endoscopiques réguliers…

Télécharger la fiche détaillée au format .pdf (220 Ko)