Pollution
Humain
Environnement
Economique

Un feu se déclare vers 10h15 dans le secteur production d’une usine de stockage et de reconditionnement de produits chimiques pour les piscines et le traitement de l’eau. La ligne de production conditionne des produits chimiques en petites quantités pour la vente au détail ; un convoyeur à vis fermé transporte le produit jusqu’à une trémie qui se trouve en mezzanine. De là, des petits récipients en plastique sont remplis par gravité. Un automate arrête la vis lorsque les trémies sont pleines ; le moteur du convoyeur se trouve au dessus des trémies. Les opérateurs vident un big-bag d’1 t de dihydrate de dichloroisocyanurate de sodium dans le convoyeur puis partent en pause, le remplissage des trémies étant stoppé automatiquement. Des témoins constatent la présence de fumées au niveau du tube de polypropylène sur le convoyeur et déclenchent le signal d’alarme incendie. Les 25 employés de l’atelier puis l’ensemble de l’usine sont évacués.

Les secours, alertés directement par le déclenchement de l’alarme, recherchent l’origine de la fumée blanche lorsque celle-ci change de couleur puis génère une boule de feu de 20 m. L’incendie, qui produit une importante fumée, est contenu au niveau du bâtiment production. Plus de 100 pompiers sont mobilisés et les habitants sous les vents dominants sont invités à se confiner.

En raison de la vitesse de développement du feu, des GRV d’acide chlorhydrique, d’acide trichloroisocyanurique, d’hypochlorite de calcium ainsi que d’autres produits chimiques sont endommagés et les produits chimiques (pH=1) polluent la COLNE avant que les digues de secours aient été mises en place. Pendant le développement du sinistre, plusieurs déversoirs du système de drainage de l’usine sont découverts et fermés. Après installation de moyens de rétention par les services de secours, les produits chimiques sont pompés.

La rivière est polluée : plus de 2 500 poissons sont tués sur 6 km, les experts estiment entre 4 et 7 ans pour que le cours d’eau retrouve son état initial. Certains employés se plaignent d’irritations respiratoires. L’unité de production et quelques véhicules garés à proximité sont détruits. L’accès à la zone industrielle étant indisponible pendant 48 h, le fonctionnement de certaines entreprises est perturbé. L’A40 est fermée pendant 24 h en raison des fumées. Une entreprise spécialisée décontamine les secteurs touchés pour éviter une nouvelle pollution en cas de pluie.

Une décomposition thermique due à une surchauffe du dihydrate de dichloroisocyanurate de sodium dans le tube en polypropylène du convoyeur serait à l’origine de l’incendie.

Des travaux expérimentaux ont identifié que la température de décomposition du produit, donnée à 240 °C dans sa fiche de données de sécurité (essais normalisés sur des échantillons de 5 mg), peut être bien plus basse en fonction des quantités présentes (65 °C pour 45 kg). Une fois la température de décomposition atteinte, le produit, qui est un oxydant auto-réactif, aurait entraîné la combustion du plastique.

L’accident montre que les mesures de mitigation pour prévenir le ruissellement dans le cours d’eau étaient inadéquates. L’exploitant n’avait pas une bonne connaissance de son système de drainage et de ses exutoires vers le milieu naturel. Il est condamné en 2010 à 66 000 livres sterling d’amende pour manquement de mesures de sécurité adéquates concernant le stockage de produits chimiques. Par ailleurs, la seule classification de l’ONU du dichloroisocyanurate de sodium dihydraté ne permet pas de donner une description précise de la nature réactive du produit et de ses risques.