Pollution
Humain
Environnement
Economique

Une violente explosion perçue à plus de 10 km se produit dans l’un des ateliers d’encartouchage de dynamite d’une usine d’explosifs. Cet atelier transforme la dynamite-gomme en vrac en cartouches conditionnées. La dynamite fabriquée lors de l’accident comprenait 1/3 de nitroglycéroglycol ;les autres constituants étant nitrate d’ammonium, nitrate de baryum, cellulose et nitrocellulose. Les opérations d’encartouchage sont automatiques. En fonctionnement normal, aucune personne n’est présente dans le local ou à proximité. La machine est alimentée en pâte provenant de l’atelier voisin par un chariot filoguidé traversant le merlon de séparation par un tunnel. Cependant, le démarrage de la machine nécessite la présence d’un opérateur qualifié dans l’atelier, parfois accompagné d’un assistant pour effectuer contrôles et réglages. La machine a une capacité de production de 900 kg/h.

Au moment des faits, 580 kg de dynamite sont stockés dans l’atelier et la machine est en cours de réglage. Le poste a commencé exceptionnellement à 5 h au lieu de 7 h et la phase de réglage se prolonge quelque peu. Vers 6h15, heure présumée de l’explosion, 4 employés sont dans l’atelier ou à proximité : le conducteur de la machine, un assistant, une personne ramassant des déchets et un mécanicien qui passe devant le tunnel. Les 4 employés périssent dans l’accident, 9 blessés sont également à déplorer. Le POI est déclenché. Un important nuage de fumées noires est émis à l’atmosphère, mais l’incendie qui suit l’explosion est vite maîtrisé. Le périmètre de sécurité établi par les secours est levé vers 10h30. L’atelier d’encartouchage est détruit ; des cratères se sont formés. Dans les ateliers adjacents, les dommages sont sérieux mais plus limités. Les merlons autour des ateliers ont manifestement atténué les effets de l’explosion. Des dommages matériels sont observés hors du site : bris de vitres, déplacements de tuiles (jusqu’à 550 m). Aucun effet domino n’a été constaté.

Des enquêtes judiciaires et administratives sont effectuées pour déterminer la cause de l’accident. 2 hypothèses sont envisagées:

1/ présence de corps étranger dans la trémie de l’encartoucheuse avec initiation au niveau de l’une de ses deux vis sans fin.

2/ conjonction d’un mélange hétérogène de pâte (dure) avec une concentration locale importante de nitroglycéroglycol sensible aux contraintes mécaniques. Les contraintes mécaniques générées par les vis sans fin auraient amorcé l’explosion.

Ces enquêtes ont également mis en évidence des déficiences en matière d’organisation et de culture de sécurité ainsi que d’importantes irrégularités en matière de sécurité dont notamment une validation incomplète du processus de fabrication, l’absence d’analyse de sécurité liée aux modifications, le non-respect des consignes de sécurité.

Différentes mesures sont étudiées par l’exploitant : transformation des tremies, diminution des sources potentielles de corps étrangers. Le site a fermé en 2006.

L’entreprise est condamnée le 18 juin 2010 à verser une amende de 100 000 euros pour “manquement grave aux obligations de sécurité” par le tribunal de grande instance de Lille.

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