Pollution
Humain
Environnement
Economique

Sur un site chimique, un réservoir contenant un mélange toluène-2,6-diisocyanate (TDI) / goudrons à haut point d’ébullition monte en pression et explose vers 19h40. Le nuage de gaz libéré s’initie 5 min plus tard, le feu étant ensuite alimenté par 20 t d’huile diathermique et 1 t de toluène se déversant des conduites rompues. Un réservoir identique s’ouvre 40 min plus tard par effet domino, provoquant une 2ème explosion dont le souffle éteint l’incendie principal. Les secours internes et une soixantaine de pompiers externes sont mobilisés. Le plan d’urgence externe sera levé à 21h30, le plan d’urgence interne à 22h45. Projetés par le souffle de l’explosion et aspergés par des retombées visqueuses, 4 sous-traitants font l’objet d’un traitement médical et d’une incapacité de travail de 3 à 53 jours. Les dommages matériels externes sont évalués à 2,8 Meuros. Les dégâts internes résultant des ondes de pression et des projections de fragments de métal sont importants : cadres supports, tuyauteries, connexions électriques, utilités de l’installation. Près de 15 t de mélange TDI/goudrons ont été relâchées dans l’accident. Les autorités effectuent des mesures de pollutions dans les égouts de la zone industrielle ; des concentrations de 5 280 mg/l de TDI sont relevées. Une pollution temporaire mais importante du lagon est aussi observée sur plus de 1 km. Des mesures atmosphériques réalisées lors de l’événement indiquent la présence significative d’oxydes d’azote et de carbone, ainsi que des traces d’hydrocarbures (toluène, éthylbenzène). A la suite de l’arrêt pour maintenance (réducteur de vitesse à lubrifier) de l’agitateur du réacteur en amont du réservoir accidenté 48 h auparavant, la température est montée de 150 à 230 °C dans les réservoirs de TDI / goudrons. Cette température, associée à un long temps de séjour (13 h) dans le réservoir, a favorisé l’initiation de la dimérisation exothermique du TDI avec production de CO2 à l’origine de la surpression. Par ailleurs, un bouchon de mousse dans les tuyaux de liaison au manifold de purge a empêché le fonctionnement du disque de rupture du réservoir. Les autorités noteront enfin l’absence de toute procédure relative au fonctionnement en mode dégradé (température élevée) et aux risques associés, ainsi que de mesure de pression sur les réservoirs ; montée en pression dans ces réservoirs de TDI / goudrons et réaction exothermique éventuelle n’avaient pas été identifiées lors de l’évaluation des risques du procédé : réservoirs conçus pour une température maxi. de 95 °C, échelle de mesure et instruments étalonnés pour une température inférieure à 120 °C, indicateurs de température (cassés) et mesure de pression dans les réservoirs absents ou HS… Avant toute reprise d’activité, l’exploitant effectue une évaluation de sûreté approfondie de son site et met en oeuvre les modifications techniques et organisationnelles nécessaires pour l’accès et le maintien d’un niveau de sécurité élevé.

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