Pollution
Humain
Environnement
Economique

Dans une usine spécialisée dans la fabrication de composés chimiques ultra-purs, un opérateur-cariste donne accidentellement vers 20 h un coup de fourche dans un conteneur d’acide fluorhydrique (HF) à 50 % stocké dans le magasin du site. L’acide (extrêmement corrosif) s’écoule par la brèche dans la paroi en plastique. Il se répand en flaque sur le sol du magasin de stockage faisant rétention, dégageant un épais nuage de vapeurs blanches toxiques et corrosives. L’opérateur évacue les lieux et donne l’alerte.

Les 14 membres de l’équipe des secours internes s’équipent de combinaisons intégrales et de masques à gaz. Ils installent des boudins absorbants et recouvrent la flaque d’absorbants pour limiter la formation de vapeurs. Celles-ci cessent au bout de 45 min. Le rinçage des locaux à l’eau est terminé au bout de 4 h. Le nuage de vapeur n’a pas dérivé en dehors du site. Les 3,5 m³ de HF contenus dans la rétention et les 45 m³ d’eau utilisés pour rincer la zone de stockage sont pompés et éliminés hors site. Les déchets solides sont éliminés par un prestataire agréé. Ils sont composés de 1 t de EP (équipement de protection individuelle) souillés, de 1,1 t de palettes bois souillées, de 200 kg d’appareils électriques (ordinateurs, téléphones etc.) et de 2 chariots élévateurs électriques détruits par les vapeurs, de 3,2 t de cloisons aciers corrodées et de 1 t de boues de chaux ayant neutralisé l’acide. Les pertes d’exploitation sont estimées à 8 000 euros et les dommages à 240 000 euros.

La cuve de stockage de HF qui alimente une cuve de fabrication est indisponible. Ceci oblige l’exploitant à se faire livrer 50 t de HF en conteneurs. Ce volume inhabituel de conteneurs HF surcharge les racks de stockage du magasin. Les conteneurs de 1 t sont stockés sur 2 niveaux dans leur largeur (1 m) et collés entre eux. Le jour de l’accident, le cariste essaye de recentrer un conteneur posé sur un autre. Il n’a pas de visibilité sur les fourches de son chariot-élévateur à cause de la densité du stockage. Le conteneur glisse vers le fond. Les fourches du chariot (longues de 1,2 m) dépassent alors la largeur du conteneur qui glisse et vient percuter le conteneur stocké juste derrière. Ces conteneurs en plastiques sont à simple enveloppe car le fournisseur est en rupture de stock pour ceux à double enveloppe. Le risque de glissement d’un conteneur et celui de son percement par les fourches du chariot n’était pas pris en compte dans l’étude des dangers. Seul le renversement en cours de transport était envisagé. La manipulation et le stockage des conteneurs se sont faits dans le sens de la largeur (1 m). S’ils avaient été faits dans le sens de la longueur des conteneurs (1,2 m soit la longueur des fourches du chariot), ce percement n’aurait pu se produire.

L’exploitant met en place des protections sur les fourches des chariots élévateurs (anti-perçage et anti-glissement). Il modifie le sens de stockage des conteneurs dans le sens de leur longueur et évite de stocker des conteneurs de longueur inférieure à 1,2 m. Il demande à son fournisseur de ne lui livrer que des conteneurs de HF à double enveloppe.