Pollution
Humain
Environnement
Economique

Dans l’atelier purification d’une usine produisant de l’aspartame, une explosion non suivie de feu se produit à 14h05 alors qu’un sous-traitant réalise des travaux de soudure à l’arc au-dessus d’une cuve contenant un mélange de 20 m³ d’une solution aqueuse (42 % d’eau) d’acide chlorhydrique, de méthanol et d’aspartame. L’usine est à l’arrêt depuis 1 mois 1/2 et l’opération de soudure a eu lieu dans le cadre de travaux de maintenance visant à remplacer les caillebotis en acier présents sur le toit de la cuve par des caillebotis en plastique, plus résistants à la corrosion.

Le sous-traitant intervenant est projeté au sol par le souffle de l’explosion. Souffrant de 2 vertèbres cassées, il est transporté à l’hôpital. L’alarme incendie du bâtiment se déclenche. L’exploitant alerte les secours, déclenche le POI et fait évacuer le bâtiment. Une cinquantaine de pompiers arrose la zone pour refroidir la cuve. Le dôme recouvrant la cuve s’est décalé de 10 cm après avoir été soulevé lors de l’explosion, laissant la phase liquide à l’air libre. Les mesures d’explosimétrie et de toximétrie réalisées étant normales (absence de fuite d’HCl et absence d’atmosphère explosive), l’exploitant lève le POI à 16h15. Il diffuse un communiqué de presse. Le lendemain matin, le contenu de la cuve impliquée est pompé vers une autre cuve.

L’accident n’a pas généré de fuite ou de conséquence environnementale. Les équipements associés à la cuve sont endommagés (agitateur, tuyauteries), mais celle-ci ne s’est pas rompue.

L’inspection des installations classées, sur place le jour même, interdit le redémarrage de l’installation avant la remise d’un rapport d’accident et la mise en place mesures correctives.

L’exploitant décide d’interrompre tous les travaux dans la zone de la cuve. Toute opération par point chaud dans le bâtiment de purification devra faire l’objet d’une mesure d’atmosphère avant démarrage et d’un suivi avec explosimètre pendant le déroulé des travaux.

La cuve (50 m³, en résine, en place depuis la construction du site en 1993) est maintenue à 16 °C par un serpentin de glycol. Le système d’aspiration du ciel gazeux de la cuve et le laveur HCl n’étaient plus en fonctionnement depuis la mise à l’arrêt du site fin juillet, alors que la cuve contenait encore 20 m³ d’un mélange contenant de l’acide chlorhydrique (2,45 mol/l) et du méthanol (4,4g/l). La composition et la quantité du mélange présent étaient inchangées depuis fin juillet. En dépit du refroidissement, des vapeurs de méthanol ont pu se former en quantité suffisante pour atteindre la LIE (limite inférieure d’explosivité) et être enflammées par l’apport de chaleur constitué par le poste de soudure. L’exploitant infirme cette hypothèse en fournissant une note de calcul indiquant que la teneur en méthanol dans le ciel gazeux était inférieure à la LIE du méthanol. Pour atteindre la LIE, à composition du mélange identique et à pression atmosphérique, il aurait fallu que le mélange soit porté à 50 °C. Une expertise par un organisme extérieur est effectuée. Le sous-traitant disposait d’une autorisation de travail et d’un permis de feu mais qui ne mentionnait pas la présence d’acide dans la cuve. La zone n’avait par ailleurs pas été répertoriée comme zone avec atmosphère explosive.