Pollution
Humain
Environnement
Economique

Dans une usine de chlorochimie, un rejet de chlore gazeux (Cl2) est détecté vers 8 h à proximité de la fosse de neutralisation des effluents des colonnes de lavage des gaz toxiques issus de la fabrication de propylène par pyrolyse d’hydrocarbures. Les pompiers internes interviennent pour réaliser des mesures de toxicité à l’intérieur du site et dans l’environnement immédiat. Ces mesures se révèlent négatives. L’arrêt de l’installation stoppe le rejet, mais des riverains perçoivent des odeurs entre 9 et 10 h en raison des conditions météorologiques. L’exploitant diffuse un communiqué de presse. L’unité redémarre vers 9h45 après intervention sur un groupe frigorifique.

Les gaz émis par le procédé de pyrolyse sont composés de Cl2 et de chlorure d’hydrogène (HCl). Afin de le valoriser en interne, le HCl est normalement séché, compressé puis purifié grâce à une colonne de distillation. En phase de démarrage de cette colonne, la pureté du HCl en tête de colonne est insuffisante. Le HCl est alors envoyé vers deux colonnes de lavage. Grâce à l’injection d’eau, il y est neutralisé sous forme d’HCl en solution. De son côté le Cl2 est neutralisé dans une 3ème colonne par de l’eau sodée (20 % NaOH). Les effluents basiques de cette colonne sont composés d’eau sodée et d’hypochlorite de sodium résultant de la neutralisation du Cl2.

Le jour de l’accident, un problème d’alimentation en fluide frigorigène (NH3) sur le groupe frigorifique refroidissant la colonne de distillation a empêché la valorisation du HCl. La température en tête de colonne était de 0 °C au lieu d’être inférieure à -15 °C. Ce gaz est alors envoyé vers les colonnes de lavage pour être neutralisé. Le débit élevé de HCl dans les colonnes de lavages dédiées provoque l’envoi d’une quantité inhabituelle de solution acide dans la fosse de neutralisation. Lorsque celle-ci se mélange avec les effluents de la colonne de lavage du chlore, le pH de la fosse n’est plus basique mais devient légèrement acide (pH = 6,5). En effet, il n’y a pas assez d’eau sodée résiduelle pour neutraliser tous les acides en solution dans la fosse. Cette légère acidité suffit pour que le Cl2 piégé sous forme d’hypochlorite de sodium se dégage sous forme gazeuse.

L’exploitant modifie les consignes d’exploitation pour que le four de pyrolyse soit arrêté par les opérateurs en cas d’anomalie importante sur le groupe frigorifique de la colonne de distillation du HCl (température supérieure à –-15 °C en tête de colonne). L’installation d’une régulation automatisée sur cette mesure de température est même envisagée.