Pollution
Humain
Environnement
Economique

Dans une usine de cosmétiques sur une plate-forme chimique, une vanne de transfert s’ouvre accidentellement vers 15h45 au moment où des employés essaient de raccorder un flexible à une citerne routière contenant 20 t d’acide fluorhydrique à 98 % (HF) pour alimenter un bac de stockage. Un important nuage est émis de la citerne et 8 t d’HF sont rejetées à l’atmosphère. Les secours stoppent la fuite après 7 h d’intervention ; 5 employés sont tués et 18 intoxiqués par inhalation sont hospitalisés.

Dans le voisinage, 4 195 personnes, dont 416 pompiers, sont examinées pour des nausées, éruptions cutanées, douleurs pulmonaires et irritations. Les terres cultivées sont touchées sur 212 ha et plus de 3 900 têtes de bétail intoxiquées doivent être abattues. L’acide corrode plus de 1 200 véhicules et brûle 9 100 t de végétaux atteints. Les riverains évacuées font l’objet d’une étude épidémiologique et 12 000 habitants sont examinés médicalement. Les pertes économiques liées à l’arrêt de 80 usines de la plate-forme et les dommages aux installations sont évalués à 15 M€.

Les pompiers interviennent sans connaître la nature exacte de l’accident et sans protections adéquates. Ils arrosent la fuite avec de l’eau, contribuant ainsi à aggraver le dégagement de produit. Appelés en renfort, les pompiers de la base militaire la plus proche assurent eux-mêmes le bouclage de la circulation autour de l’usine pour empêcher les riverains et les voitures de circuler dans le nuage toxique qui s’est formé. Ils alertent la police pour qu’elle poursuive ce travail et évacue la population dans un rayon de 1,5 km. La lenteur de réaction des autorités est critiquée, 300 riverains directement concernés n’étant évacués que 10 jours après l’accident, ainsi que pour les moyens insuffisant dont disposaient les secours et notamment le manque de produits neutralisants (chaux) durant les 22 premières heures d’intervention. Dans un rayon de 20 km, les terres déclarées “zone sinistrée” sont dépolluées dans les semaines suivantes, de même que les bâtiments. Les riverains évacués font l’objet d’une étude épidémiologique.

Les premiers éléments rassemblés par la police, enregistrements d’une caméra de surveillance du poste de dépotage et examen de la citerne accidentée, montrent que 2 employés sont montés sur la citerne pour brancher le flexible d’air destiné à chasser l’acide dans le bac depuis la citerne. L’un branche le flexible d’air, pendant que le 2ème pour gagner du temps commence à dévisser les boulons du tampon sur la vanne de sortie de l’acide. Ce dernier heurte alors accidentellement le bras de la vanne manuelle de sortie, qui s’ouvre partiellement permettant à l’HF sous pression de jaillir. Lors du transport routier, une surpression interne se serait formée par expansion thermique du produit. Contrairement aux bonnes pratiques de la profession, la citerne n’a pas été préalablement dégazée et des flexibles étaient utilisés. Les 2 employés sont tués, ainsi que 3 autres effectuant des travaux dans l’unité voisine. Aucun ne portait les EPI appropriés. Le directeur de l’usine fait l’objet de poursuites judiciaires.

Après plusieurs accidents mortels sur des sites industriels utilisant de l’HF les mois précédents et suivants l’accident, le laxisme des autorités dans la réglementation et la surveillance de ces sites est évoqué dans la presse. L’année suivante (2013), le gouvernement renforcer la réglementation et le contrôle des sites industriels employant des produits inflammables ou toxiques, une agence de la sécurité chimique est crée.