Pollution
Humain
Environnement
Economique

Dans une unité de caoutchouc synthétique, un à-coup de pression du réseau d’eau déminéralisée perturbe dès 15h30 le contrôle de la hauteur de l’interface cément / eau + catalyseur dans un décanteur, entraînant le transfert de 10 à 15 t de cément vers la tour de refroidissement. Ce contrôle est effectué à l’aide de 2 niveaux d’interface, l’un à flushing (nettoyage et anti-colmatage par injection d’eau déminéralisée), l’autre, à membrane qui est en test. A 19h10, le niveau à flushing dérive vers 97 % tandis que le niveau à membrane est descendu à 3 %. A 19h30, un opérateur en tournée détecte une odeur d’hexane (sans alarme d’un explosimètre) et la présence de cément. Il est constaté sur l’unité que les débits de flushing sont nuls, entraînant une mesure de l’interface erronée et l’écoulement du cément au fond du décanteur vers la tour de refroidissement et la fosse recueillant les effluents liquides. L’incident, une fois identifié est contrôlé quand, vers 20h30, soit 1 h après la fin de l’envoi de cément et le retour à un fonctionnement normal des niveaux à flushing, la tour de refroidissement et la fosse s’enflamment en surface. Le POI est déclenché durant 50 mn. L’incendie est maîtrisé à 20h50 et éteint à 21h20. L’unité est endommagée.

L’incident montre un manque de fiabilité de la technologie des niveaux à flushing d’autant plus sensible que ces derniers se trouvent en bout de réseau d’eau déminéralisée. L’ignition est probablement liée à l’électricité statique avec un phénomène de “splash filling” ou accumulation de charges électriques générées par le contact en pluie de l’eau ruisselant sur le mélange eau / hexane à la surface de la tour de refroidissement. Deux autres hypothèses sont envisagées :

  • point chaud lié à l’accumulation de vapeurs condensées au niveau du purgeur d’un appareil de mesure de débit sur le circuit de traçage de la ligne de soude associée à la fosse, cependant les températures sont très inférieures au seuil d’auto-inflammation de l’hexane,
  • élévation de température due aux frottements mécaniques (moteurs des ventilateurs de la tour ou des pompes de reprise de la fosse vers les bassins des métaux lourds).

Le redémarrage des installations a lieu le 2 décembre. Plusieurs actions sont réalisées : vérification et remise en état éventuelle de la cellule de réfrigérant atmosphérique de la tour de refroidissement Nord (non concernée par l’incident) ainsi que celle de la fosse, mise hors service de la tour de refroidissement endommagée par le feu, affectation de la cellule Nord, utilisée en été uniquement pour refroidir l’effluent d’un autre bassin, au courant issu de la déminéralisation via une canalisation installée entre les cellules Nord et Sud. Compte-tenu de la meilleurs fiabilité du niveau à membrane, la mise en service de ce dernier est accélérée et réalisée le 12/12, le niveau à flushing est conservé. Ces derniers seront supprimés lors de l’installation d’un densimètre à source radioactive (sonde au cobalt) à la fin du 1er trimestre 1997, une formation spécifique à cette technologie et aux procédures à mettre en oeuvre lors des nettoyages du décanteur est dispensée aux opérateurs. Un exercice d’urgence est programmé dans l’année sur un scénario mettant en jeu les sources radioactives. A la suite de cet incident, la vanne située sur le by-pass de la vanne automatique en sortie du décanteur est cadenassée en position fermée, le système de détection de gaz est amélioré à proximité de la tour. Dans ce but, l’exploitant étudie la possibilité d’améliorer la fiabilité du système en utilisant un seuil unique avec alarme sonore. Il installe un explosimètre sur les 2 tours mitoyennes en sortie de cellule vers la fosse et recherche une technologie compatible avec la vapeur d’eau pour équiper la tête de la tour d’un 3ème explosimètre. Le purgeur du circuit de traçage vapeur de l’alimentation en soude de la tour, pouvant constituer un point chaud, est canalisé dans le sol. Pour ne pas exposer le personnel en cas de sinistre, les commandes de pompes et de ventilateurs sont déplacées hors des zones susceptibles de contenir des vapeurs d’hexane. Enfin, une procédure d’urgence est rédigée et insérée dans les modules obligatoires de formation (arrêt de la polymérisation, mise des décanteurs à l’égout, consigne de ne pas arrêter les ventilateurs, interdiction de monter sur la plateforme supérieure de la tour, précaution à prendre avant d’initier le pompage, moyens d’arrosage à mettre en œuvre pour prévenir le risque d’ignition…).

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