Pollution
Humain
Environnement
Economique

Un matin, lors du redémarrage après un arrêt annuel programmé, l’équipe d’exploitation de l’unité de fabrication d’acide nitrique d’une usine d’engrais constate un panache orangé en sortie de la cheminée de l’atelier. Ce nuage est lié à l’émission d’oxydes d’azote (NOx, NO et NO2) générés par l’unité. Ces composés sont traités par un réacteur DeNOx, via un procédé de réduction catalytique à l’ammoniac (NH3). Lors du démarrage, avant que le réacteur atteigne la température optimale de traitement des gaz nitreux, ces derniers sont envoyés sur une colonne d’absorption à l’eau oxygénée (H2O2). Dans un premier temps, l’exploitant soupçonne un dysfonctionnement de la DeNOx. Il tente différentes manœuvres sur l’installation (ajout NH3, vérification des analyseurs) et sur la colonne d’absorption (apport d’H2O2) pour réduire les émissions d’oxydes d’azote. Ces opérations ne permettant pas de stopper les rejets, l’unité acide nitrique est arrêtée à 10h30.

Les capteurs périphériques et stations de mesures de la qualité de l’air ne détectent pas de concentrations élevées en dioxyde d’azote (NO2). L’exploitant conclut, d’après ses modélisations et les conditions météorologiques, que les rejets n’ont pas eu d’impact toxicologique au sol.

L’hypothèse retenue expliquant ces rejets serait un problème d’étanchéité d’une vanne d’anti-pompage d’un compresseur NO de l’unité. Cette vanne est fermée en fonctionnement normal. Elle s’ouvre en cas d’arrêt de l’unité pour protéger le compresseur. Son rejet est envoyé à la cheminée de l’unité. Cette vanne a été révisée pendant l’arrêt chez un sous-traitant. Il a dressé un procès-verbal de test d’étanchéité conforme. L’exploitant démonte la vanne et l’envoie à nouveau chez le sous-traitant pour contrôle. Il constate un blocage mécanique au niveau du grand siège. Le sous-traitant admet ne pas avoir procédé en totalité au contrôle d’étanchéité de la vanne lors de la première révision. La vanne est réparée et remise en place dans l’unité. L’exploitant ouvre une procédure de réclamation auprès du sous-traitant.

Au cours de cet événement, l’exploitant met en évidence une méconnaissance par les opérateurs des analyseurs. Ils n’ont pas vérifié un des analyseurs en sortie de la DeNox, ils ont donc suspecté une défaillance de ces équipements. De plus, la procédure de gestion des rejets NOx à la cheminée indique un arrêt de l’unité en cas de cumul important de NOx émis. L’équipe d’exploitation a d’abord mis en cause la DeNOx avant d’arrêter l’atelier.

L’exploitant met en place les actions suivantes :

  • sensibilisation du sous-traitant aux impacts générés sur le site par la vanne qui fuit ;
  • sensibilisation des équipes exploitantes et partage de retour d’expérience ;
  • modification de vues sur la supervision ;
  • rajout des noms des analyseurs sur le guide de démarrage ;
  • ajout de la vanne incriminée comme équipement critique dans les procédures.