Pollution
Humain
Environnement
Economique

Vers 23h40, dans une usine chimique, le pH-mètre en sortie de l’exutoire des eaux pluviales détecte une anomalie. Vers 1h20, l’exploitant identifie une fuite au niveau d’un bac contenant 800 t de chlorure ferrique. Le liquide corrosif se répand hors de la cuvette de rétention du bac et rejoint le réseau d’eaux pluviales puis l’anse d’AUGUETTE, bassin de sécurité avant rejet en mer. L’atelier est arrêté et mis en sécurité. À 2h10, les opérateurs détournent le réseau d’eaux pluviales, à l’aide d’une martelière, vers un bassin de rétention. Le résiduel entre la martelière et l’anse est rejeté dans l’anse. À 2h15, l’exploitant constate une coloration marron/rouge dans l’anse et déclenche une cellule de crise à 3h50. À 4 h, les pompiers du site mettent en place 2 barrages absorbants, en plus de ceux existants dans l’anse, et pompent la mousse et le surnageant. À 6h50, le pH redescend à 3, ce qui signifie que la fuite perdure. L’exploitant rencontre des difficultés pour isoler le rejet depuis la cuvette vers le réseau d’eaux pluviales.

Le chlorure ferrique étant très soluble, il passe au travers des barrages de l’anse pour former en mer une nappe marron de 400 m de long sur 200 m de large visible depuis le littoral. Par précaution, le maire et le préfet maritime interdisent pendant 48 h la baignade, la navigation, le mouillage, la pêche et la plongée sous-marine dans la zone impactée.

La fuite depuis la cuvette de rétention est stoppée à 10 h par des sacs de sable et pompage du produit. À 14 h, la nappe n’est plus visible que sur 4 ha.

La quantité de chlorure ferrique déversé dans l’anse d’AUGUETTE est estimée à 470 t. Le jour du sinistre, les pompiers constatent une faible mortalité aquatique (quelques kilogrammes), due à la solution acide marron générée mais dissipée. Les analyses concluent à un faible impact de la pollution sur la qualité de l’eau. Le chlorure ferrique est un agent floculant qui précipite sous forme de complexes solides oranges. Les dépôts sur le fond marin sont observables sur une surface cumulée de 62 m² répartie sur une zone de 2,8 ha début septembre.

La fuite au niveau du bac est localisée sur la liaison robe/sole. Un affaissement lié à la présence d’une cavité souterraine aurait entrainé la rupture nette du revêtement interne du bac, puis une attaque acide de la tôle de fond jusqu’à la rupture locale du bac. L’absence d’alarme de déviation sur le niveau du bac a retardé l’identification de la source du rejet.

Concernant la cuvette, l’exploitant met en évidence une partie non revêtue par une protection anti-acide, ce qui a entraîné une partie du rejet vers le réseau d’eaux pluviales. Cette inadéquation revêtement cuvette/produit proviendrait d’une identification des risques incomplète. Cette défaillance n’a pas été détectée même si l’exploitant réalise des contrôles visuels et que la cuvette a fait l’objet de travaux de réfection en 2018.

L’exploitant constate que la martelière a perdu de son étanchéité au fil des heures, ce qui a prolongé le rejet. Les matériaux qui la composent ne sont pas adaptés à une exposition prolongée à une solution concentrée de chlorure ferrique.

Le POI n’a pas été déclenché, car le scénario de pollution maritime n’est pas un scénario d’accident majeur issu de l’étude de dangers et retenu pour l’élaboration du POI. Ces principes de gestion ont néanmoins été mis en œuvre par la cellule de crise déclenchée par l’exploitant.

L’inspection des installations classées propose un arrêté de mesures d’urgence pour notamment :

  • mettre en sécurité les installations de l’atelier “chlorure ferrique” et contrôler avant remise en service les installations impactées ;
  • surveiller l’impact du rejet sur les eaux souterraines et maritimes par un plan de surveillance, la réalisation de prélèvements conservatoires et une évaluation des risques sanitaires ;
  • élaborer et mettre en œuvre un plan de gestion en vue de supprimer les impacts sanitaires et environnementaux, en cas d’impacts révélés dans le plan de surveillance ;
  • traiter les déchets liés au sinistre.

La surveillance des impacts environnementaux montre une nette atténuation des dépôts sur les fonds marins. L’exploitant a développé avec une société spécialisée, à partir de tests réalisés en laboratoire, un mode opératoire pour récupérer les flocs au fond de l’eau. Au vu des derniers résultats du plan de surveillance, la balance bénéfices/risques semble néanmoins défavorable à la réalisation de travaux de pompage.

Afin d’éviter un tel événement, l’exploitant prend les dispositions correctives suivantes :

  • vérification de l’adéquation des cuvettes de rétention avec les produits stockés ;
  • contrôle de l’intégrité du système de détournement des eaux pluviales ;
  • amélioration des procédures d’intervention en cas d’accident environnemental en prolongeant le POI sur ce volet.