Pollution
Humain
Environnement
Economique

A 9h35, lors d’une livraison dans une laiterie, une explosion se produit dans une cuve d’acide nitrique. Le chauffeur, d’origine étrangère et comprenant mal le français, arrive sur le site avec un chargement de thiosulfate d’ammonium destiné en réalité à l’entreprise voisine. Il se trompe d’entrée, rentre dans la laiterie et est accueilli par un opérateur qui attendait une livraison d’acide nitrique. Ce dernier ne vérifie pas le bordereau indiquant la nature du produit et part enfiler ses EPI après avoir indiqué l’emplacement du poste de dépotage d’acide nitrique au chauffeur. L’opération doit se dérouler en binôme, mais il n’attend pas le retour de l’opérateur pour brancher son camion et démarrer le dépotage. Au bout de quelques secondes, une réaction violente et très exothermique se produit entre le thiosulfate et l’acide nitrique à 53 %. Le trou d’homme de la cuve est éjecté. Le chauffeur ferme la vanne de dépotage et s’enfuit. Un nuage gazeux important de couleur rouille (vapeurs nitreuses) se dégage. Le personnel du site et l’entreprise voisine est évacué. Cinq personnes sont envoyées à l’hôpital. La voie navigable située à proximité et la départementale voisine sont coupées. Les pompiers, arrivés sur site à 9h45, refroidissent la cuve avec 2 lances. Les eaux d’extinction sont dirigées vers la bâche à eaux de l’usine. Vers 12 h, les pompiers manipulent la vanne de pied de cuve pour la fermer, mais la présence probable de résidus des 2 produits engendre une nouvelle explosion projetant la vanne à plus de 20 m.

Un précipité de gros cristaux blanchâtres s’est formé en fond de cuve. L’analyse montre qu’il s’agit d’acide nitrique déshydraté. Les quantités mises en jeu sont de 400 kg de thiosulfate d’ammonium en solution et 2,5 t d’acide nitrique. L’organisme contacté pour avis technique préconise de continuer d’arroser pour éviter l’emballement réactionnel et d’éviter d’introduire de l’eau pour ne pas déclencher une nouvelle réaction violente. Une société spécialisée dépote, 2 jours plus tard, la cuve dans 4 conteneurs de 1 000 l. Les 100 l restant en fond de cuve sont pompés après dilution. La laiterie reprend ses activités le lendemain.

A la suite de l’événement, l’exploitant prend les mesures suivantes :

  • mise en place d’un double contrôle avec visa sur le document d’enregistrement ;
  • mise en place de cadenas pour éviter une ouverture des vannes par le chauffeur ;
  • ajout d’affichages supplémentaires pour l’identification des produits au niveau des vannes ;
  • ajout d’un emplacement de manche à air sur la tour de l’entreprise voisine et déplacement de la manche à air de la laiterie sur la tour de l’évaporateur ;
  • audit des procédures de réception des produits chimiques et rappel auprès du personnel des règles de sécurité, notamment en matière de réception de produits chimiques.

Des arrêtés préfectoraux de mise en demeure et de prescriptions complémentaires sont notifiés à l’exploitant dans le but de renforcer les mesures organisationnelles.