Pollution
Humain
Environnement
Economique

Vers 8 h, un dimanche, dans une usine de fabrication de matières plastiques, un déversement d’hexane (liquide inflammable, dangereux pour l’environnement, nocif et reprotoxique) se produit dans une fosse à effluents non prévue à cet effet. Lors de la mise à disposition d’un réservoir A, consistant en des rinçages successifs à l’eau, un réservoir B est utilisé pour récolter l’eau soutirée. Le niveau total dans B devenant supérieur au niveau habituel, l’opérateur le purge en ouvrant une vanne de purge. Il s’éloigne pour surveiller les niveaux. A son retour, il constate un écoulement d’hexane et non d’eau. Il referme immédiatement le circuit de purge. Un volume d’hexane est entrainé et piégé dans une fosse de collecte des eaux usées. Le rejet est estimé à 400 kg.

Pour éviter toute remontée de gaz inflammable de la fosse, une injection d’azote est réalisée dans les tuyauteries d’effluents provenant des ateliers. Le nuage de gaz est confiné au niveau de la fosse. L’exploitant envisage de limiter l’évaporation de l’hexane par l’usage de mousse ou d’eau mais l’augmentation du niveau de liquide risquerait d’entraîner de l’hexane dans le réseau de collecte des effluents menant à la station de traitement interne. Aucun moyen en eau n’est donc déployé.

L’exploitant condamne l’accès à la zone. Les pompiers du site surveillent les égouts dans lesquels aucune émanation n’est détectée. L’incident n’entraîne pas de zone explosible en dehors de la fosse. L’exploitant contacte un prestataire spécialisé pour intervenir avec un camion hydrocureur ATEX mais celui-ci n’est pas disponible (incident survenu un dimanche et pendant le confinement lié à la pandémie de la Covid-19).

Aucune nappe de gaz n’est plus perceptible dans la fosse 30 minutes après l’incident. La hauteur de surnageant est de l’ordre de quelques centimètres. Les hydrocarbures restent contenus dans la fosse à effluents et s’évaporent lentement. Il n’y a plus d’hydrocarbures dans la fosse à 18 h.

A l’origine de l’écoulement, l’opérateur a purgé un fond de réservoir supposé contenir de l’eau alors qu’il n’y avait presque plus d’eau et avait reçu le solvant d’un skimmer entre temps (hexane principalement) :

  • la composition dans le réservoir B avait été modifiée par une purge de l’eau contenue et la collecte de solvant réalisées lors d’un poste précédent, ces éléments n’ayant pas été portés à la connaissance de l’opérateur ;
  • les niveaux d’interphase ne sont pas fiables et ne permettent pas de détecter précisément les différents niveaux pour les réservoirs de décharge triphasique (eau, polymère, hydrocarbures) ;
  • le détecteur gaz présent au plus près de la vanne de purge était défaillant et en attente d’une réparation reportée en raison du confinement de la Covid19. Aucune mesure compensatoire n’avait été mise en place ;
  • la procédure de mise à disposition n’était pas assez précise pour décrire comment revenir à un niveau standard ni pour stipuler que la purge devait rester sous surveillance permanente.

A la suite de l’incident, l’exploitant engage les actions suivantes :

  • revoir la procédure de mise à disposition du réservoir A ;
  • interdire par des mesures techniques, toute purge des réservoirs de décharge s’ils sont susceptibles de contenir des hydrocarbures (cadenassage des vannes de purge avant opérations d’inertage) ;
  • préciser dans une procédure générale de sécurité qu’il est interdit de laisser une purge sans surveillance ;
  • améliorer la transmission d’informations entre les postes ;
  • étudier une autre technologie de mesure des niveaux du réservoir ;
  • revoir le processus de suivi des détecteurs gaz pour limiter le temps de panne et garantir la mise en place de mesures compensatoires.