Pollution
Humain
Environnement
Economique

A 14h35, un camion-citerne chargé de propylène liquéfié extrêmement inflammable, prend feu et explose alors qu’il passe au niveau du camping de Los Alfaques, situé entre la route et la mer. Le conducteur et 242 personnes périssent dans le sinistre et 300 autres sont gravement brûlés.

Le camion, composé d’un tracteur et une citerne semi-remorque quitte une raffinerie 100 km au nord à 12h05 chargé de 23 t de propylène, près de 4 t au-dessus de la charge maximale admissible (19,35 t). Le conducteur du véhicule, âgé de 50 ans, aurait reçu des instructions d’emprunter la RN340 à la place de l’A7 pour éviter le péage. Or, la route est étroite et sinueuse et traverse plusieurs zones densément peuplées. Le propylène, initialement froid, a chauffé avec le soleil en chemin, provoquant sa dilatation, augmentant la pression dans le réservoir et provoquant l’explosion. La citerne s’est fendue en deux, le contenu s’est enflammé et l’une des moitiés a été projetée vers le camping. En quelques minutes, une grosse boule de feu s’est propagée dans les installations jusqu’à ce qu’elle brûle 30 ha, soit les deux tiers du camping.

A cette époque, le camping était bondé avec près de 1 000 vacanciers dans des caravanes et des tentes. L’explosion et sa boule de feu (dont la température est estimée à plus de 2 000 °C) détruit voitures, remorques et bâtiments dans un rayon de 300 m (90 % du camping). Un fragment de la cuve détruit les murs de la discothèque, vide à cette heure de la journée. 158 personnes décèdent instantanément à la suite de la première explosion et la propagation de la vague de chaleur, suivie d’incendies/explosions de voitures et de bouteilles de gaz sur le camping. Les explosions créent un mouvement de panique chez les campeurs. De nombreux grands brûlés meurent à l’hôpital dans les jours et semaines suivantes suivantes, alourdissant le bilan à 243 victimes.

L’organisation de la réponse de la sécurité civile est décriée. Les pompiers arrivent sur les lieux près de 2 h après l’explosion, laissant les touristes et habitants s’organiser pour évacuer les blessés par leurs propres moyens. 3 h sont nécessaires pour que le dernier blessé soit emmené à l’hôpital.

L’enquête officielle identifie que le camion a été gravement surchargé et ne disposait pas de soupape de sécurité conçue pour limiter le risque de BLEVE en cas d’incendie. Toutefois, ces soupapes, obligatoires avant 1978, ne l’étaient plus. Le camion était en règle et sa prochaine inspection était prévue en 1980.

La citerne, fabriquée en décembre 1973, ne remplissait pas les conditions requises à l’époque pour le transport de liquides inflammables, justement à cause de l’absence de soupape. Par conséquent, le réservoir a été utilisé pour transporter d’autres substances, dont certaines très corrosives. Les tests sur les restes de la cuve en acier montrent des fissures microscopiques dues à la corrosion causée par les chargements antérieurs d’ammoniac. Ces facteurs sont susceptibles d’avoir conduit à la rupture quasi-instantanée de la cuve déjà endommagée par l’impact lors du flash-over. Un camion-citerne en bon état et correctement rempli devrait être en mesure de maintenir l’intégrité structurelle dans un feu assez longtemps pour au moins permettre aux gens proches de s’échapper.

L’enquête révèle également que le surremplissage des camions citernes était une pratique courante dans la raffinerie expéditrice, en raison de l’absence conjointe de mesure de la quantité de gaz distribué et de dispositif d’arrêt automatique pour éviter les débordements. Lors du procès, 3 ans et demi après la catastrophe, la justice espagnole déclare 1 an de prison avec sursis pour imprudence temporaire aux 2 responsables de la raffinerie ayant délivré le propylène.

Après l’accident, les soupapes de sécurité sont rendues à nouveau obligatoires sur les camions citernes, la réglementation espagnole sur le transport de matières dangereuses est modifiée (interdiction de traverser des zones densément peuplées, renforcement de la formation des conducteurs…) et la coordination des services d’urgence est améliorée. La tragédie a coûté près de 20 M d’euros (de l’époque) aux assureurs.