Pollution
Humain
Environnement
Economique

Le site traite des déchets médicaux et industriels à l’aide de trois fours à tambour rotatif. Ces fours sont directement alimentés depuis les camions-citernes livrant les déchets liquides, stationnés dans un parc à citernes.

Vers 15h45, dans une usine d’incinération de déchets dangereux, la paroi d’une citerne contenant des déchets, issus d’une usine de fabrication d’acétate d’acroléinecyanohydrine (ACA), se déchire brutalement. Un nuage blanc se forme et s’enflamme immédiatement. Les autres camions-citernes présents dans la zone sont atteints par les flammes et leur contenu alimente l’incendie. Des déchets de produits chimiques emballés, situés dans un entrepôt adjacent, sont également pris dans l’incendie. Un important panache de fumée noire se dégage. Le plan communal d’urgence est déclenché. Les 117 salariés présents sur le site sont évacués et les riverains confinés. Les pompiers effectuent des prélèvements dans l’air qui ne révèlent aucune substance nocive en concentration dangereuse. L’incendie est maîtrisé vers 19 h et le plan catastrophe communal est levé. Les pompiers quittent le site le lendemain dans la soirée.

Conséquences

Les eaux d’extinction sont confinées dans une rétention avant traitement en filière appropriée. Le four rotatif relié à la citerne initiatrice de l’événement est fortement endommagé. Les 2 autres fours subissent des dommages au niveau des câblages électriques et doivent être réparés.

Suites après accident

L’ensemble des installations du site est mis à l’arrêt. Tous les bâtiments contenant des déchets sont contrôlés et sécurisés. Les 3 fours à tambour rotatif ainsi que les lignes d’alimentation directe entre citernes et fours font l’objet d’inspections approfondies. Des sociétés spécialisées démantèlent les résidus de citernes. Après quelques jours, les autorités compétentes lèvent l’interdiction d’exploiter pour les installations du site n’impliquant pas de combustion (traitement physico-chimique et stockage des déchets). Les travaux d’évacuation des déchets de l’accident et de réaménagement de la zone impactée se poursuivent jusqu’à mi-mars. L’exploitant recherche des solutions alternatives pour la gestion des déchets de ses clients (envoi vers d’autres installations du groupe en Allemagne ou envoi vers d’autres centres de traitement spécialisés en Europe).

Analyse des causes

Le camion était présent depuis la veille dans le parc à citernes. Le transfert de déchets d’ACA vers le four était en cours au moment des faits. Pour permettre ce transfert, un réchauffage préalable des déchets, sous inertage à l’azote et avec mise à la terre du camion-citerne, a lieu. Lors de la phase de transfert, en raison de la température atteinte, s’est initiée une réaction exothermique de décomposition spontanée des déchets. Il s’est avéré que le camion-citerne était resté en cours de chauffage pendant 20 h. Une telle durée de chauffage n’avait jamais été atteinte. La durée de chauffage ne faisait l’objet d’aucune consigne, l’exploitant ne considérant pas ce paramètre comme un élément critique. La température de polymérisation exothermique de l’ACA pur est de 157 °C mais celle d’un déchet contenant de l’ACA est plus faible (des analyses a posteriori ont montré qu’elle était de 120 °C). Le chauffage prolongé, combiné à l’importante viscosité du produit, a certainement permis d’atteindre la température critique de décomposition de ce déchet. L’exploitant ne questionnait pas le fournisseur de déchets sur ces caractéristiques de température de décomposition et de viscosité lors de la réception des déchets. La décomposition incontrôlée du déchet a conduit à une montée en pression intempestive et à une déchirure de la citerne. La surpression n’a pu être contenue par les dispositifs de sécurité du camion-citerne (disque de rupture, soupape).

Mesures prises

L’accident a permis de révéler que la connaissance des propriétés de la substance la plus dangereuse contenue dans un flux de déchet (ici l’ACA) n’était pas suffisante pour connaître le comportement du déchet lui-même. Suite à l’accident, l’exploitant, en collaboration avec ses clients fournisseurs, renforce l’analyse du choix de la méthode de traitement adaptée en fonction de la caractérisation des déchets. Les clients fourniront plus d’informations sur les déchets livrés. L’exploitant se dote d’appareils pour faire des tests de détermination de la température de décomposition spontanée (« Self Accelerating Decomposition Température » ou SADT).

Un nouvel accident, mortel, survient sur ce site en septembre 2018 (ARIA 52226).