Pollution
Humain
Environnement
Economique

Vers 18h05, un employé d’une usine chimique spécialisée dans la production de potasse caustique et de carbonate aperçoit un dégagement de fumée rouges au-dessus d’un bâtiment de stockage de brome résiduaire. Il prévient le poste du garde qui déclenche à 18h10 le POI et informe les services de secours. La cellule de crise se met en place. Le personnel est confiné. Les secours internes patrouillent le site et son extérieur avec le chef de fabrication. Ils ne constatent rien d’anormal (ni fuites, ni odeurs). Seul l’arrêt des installations de récupération du Brome (Br) contenu dans les effluents est inhabituel. Un opérateur en salle de contrôle signale alors qu’une alarme sur la colonne de rectification de l’extraction du brome s’est activée à 18h04. L’alarme de niveau haut du bac alimentant la colonne s’active à 18h05 et provoque l’arrêt des installations. Le capteur de gaz à l’origine de la première alarme est identifié puis examiné : il n’a pas saturé, ce qui traduit une fuite de faible ampleur. Pendant les 49 secondes séparant le déclenchement de l’alarme et l’arrêt des installations, 1 m³ d’un mélange de vapeurs d’eau, de Br et de chlore gazeux (présent dans la saumure servant à arroser le Br gazeux) se sont échappés à l’atmosphère. Soit l’équivalent à 6 kg de Br et 0,2 kg de chlore. Les installations redémarrent à 18h30, à l’exception de l’installation de récupération qui est remise en état. L’exploitant rédige un communiqué de presse.

Un examen de la colonne de rectification montre la rupture nette du cordon de soudure entre la virole DN 600 et le fond supérieur (dôme) à 17h50, lors de son redémarrage après entretien lancé à 17h20. La colonne se trouvait alors en légère pression positive suite à l’équilibrage des fluides internes (entre 100 et 240 mbar). La colonne de 1,6 m³ en PVDF est en activité depuis 30 ans. Elle fonctionne sous faible pression (pas classée ESP) et a été contrôlée moins d’un an avant. La colonne ne dispose pas d’alarme de pression basse, car en régime stabilisé elle fonctionne en légère dépression.

Les premiers éléments d’analyse montrent qu’il ne s’agit pas d’un vieillissement du PVDF composant la colonne (dureté interne identique à celle du matériau neuf). Il s’agirait d’une fragilisation de la soudure dans le temps, suite à des phénomènes de dilatations, de dépose / repose des éléments à bride, des cycles de fonctionnement en t° et pression, des contraintes de tuyauteries… L’exploitant répare la soudure, change le dôme, inspecte visuellement les autres colonnes en PVDF, vérifie les différentes vannes de régulation de pression et les débitmètres vapeur de l’unité de récupération de Br. Il met en place un calendrier d’épreuves hydrauliques des colonnes de rectification et de débromuration tous les 5 ans.