Pollution
Humain
Environnement
Economique

Dans une usine chimique, une livraison de phénol entre une citerne routière et des cuves de stockage commence vers 9 h. Les 2 opérateurs en charge du dépotage constatent que la vanne de fond de la citerne est bouchée par un bouchon de phénol (produit toxique, TF : 43 °C).

Ils décident de déboucher la vanne en injectant de l’azote. L’opérateur le plus proche de la citerne reçoit alors des projections de phénol liquide. Une flaque de 3 m² se forme au pied de la citerne. Le phénol se solidifie pendant que le POI est lancé et les secours alertés. Touché au cou, l’opérateur est évacué vers l’infirmerie du site pour lavage puis vers l’hôpital. Il en ressort dans l’après-midi, une fois les analyses de contamination confirmées négatives. La flaque de phénol est nettoyée à l’eau chaude pendant que la route proche est fermée à la circulation pour éviter les risques d’éclaboussures. Le dépotage du camion achevé, il est dirigé vers une cabine de lavage étanche. Les eaux de rinçage sont orientées vers une station de traitement proche du site. La quantité de phénol perdue est estimée à 52 kg.

L’analyse de l’accident montre que :

  • la citerne non chauffée contenait le phénol depuis plus de 60 h avant son dépotage le lundi matin (durée du week-end)
  • le raccord d’équilibrage présentait un problème d’étanchéité, suite à une mauvaise connexion avec le flexible d’équilibrage des ciels gazeux citerne-cuves
  • il n’y avait plus de ciel gazeux au niveau du raccord car la citerne contenait plus de phénol que la quantité autorisée (29,4 t, soit 30,9 m³, pour 30 m³ autorisé par un changement de la réglementation ADR) et le poids lourd était garé en pente (6 %). Le liquide était donc en contact direct avec le raccord
  • les opérateurs n’avaient pas été formés à la procédure de débouchage de la ligne de transfert qui demandait de faire appel à l’encadrement en cas de problème avec un produit bouchant comme le phénol
  • il n’existait pas de consignes en cas de bouchage de la vanne de fond de la citerne par un produit bouchant.

Les opérateurs injectent l’azote à 2 bar dans la ligne de transfert avant la vanne de fond. Le bouchon saute, mais l’azote pénètre dans la citerne et pousse le produit dans la ligne d’équilibrage vu l’absence de ciel gazeux. Le défaut d’étanchéité du raccord entraîne une fuite de phénol dans la rétention haute de la citerne et asperge l’opérateur qui ne portait pas les EPI préconisés. La vanne de la conduite de vidange de la rétention étant restée ouverte, le phénol en fuite s’écoule au sol.

L’exploitant :

  • revoit les procédures de transfert et en cas de bouchon, interdit la livraison de phénol ayant séjourné trop longtemps dans une citerne non chauffée
  • limite le volume de remplissage de la citerne à 25 t
  • standardise le diamètre du flexible d’équilibrage avec le piquage de la citerne pour éviter l’usage de réducteurs (source de défaut d’étanchéité)
  • met en place une matrice des rôles et responsabilités lors du dépotage entre les opérateurs du site et les chauffeurs extérieurs (certains ne parlant pas français).