Pollution
Humain
Environnement
Economique

Dans une usine de chlorochimie, le réseau de détection chlore (Cl2, gaz toxique) se déclenche à proximité de l’unité de compression du chlore gazeux vers 23h45. Une rapide investigation permet de localiser une fuite sur le joint d’un échangeur de chaleur. Cet échangeur permet de réchauffer le tétrachlorure de carbone (CCl4) utilisé pour absorber le chlore restant dans les inertes gazeux en sortie de l’unité d’électrolyse à travers une colonne.

Les opérateurs de conduite de l’unité basculent sur un échangeur de secours. Ce basculement désamorce la pompe alimentant la colonne d’absorption en CCl4. Plusieurs tentatives de réamorçage infructueuses amènent à 23h55 les opérateurs à détourner les inertes gazeux entrant vers la colonne de sécurité de l’unité (neutralisation à la soude). Les inertes piégés dans la colonne d’absorption sont orientés vers la cheminée pour être brûlés. Vers 0h08, une défaillance du capteur d’hydrogène (H2) de la cheminée déclenche la fermeture de ce circuit. Les inertes piégés dans la colonne d’absorption ne peuvent plus être détruits.

Pour éviter une explosion en tête de colonne, les opérateurs diluent l’H2 présent dans les inertes piégés en maintenant l’injection d’air en pied de colonne. Cette injection augmente légèrement la pression dans la colonne. Ses vannes de décharge à la cheminée s’ouvrent à 0h09. De 0h11 à 0h14, les capteurs de chlore des ateliers voisins détectent des pics de 0,5 à 2,5 ppm dans l’atmosphère. Un opérateur en ronde, légèrement intoxiqué, est examiné à l’infirmerie. Une odeur de chlore se répand dans la salle de contrôle de l’unité voisine, bien qu’équipée d’un système de détection et de purification d’air. L’exploitant déclenche son POI, les mesures de toxicité dans l’air se révèlent négatives. La production retrouve son niveau normal en fin de matinée après vérification des conditions de sécurité. La plateforme chimique abritant l’usine envoie un communiqué de presse.

Le désamorçage de la pompe CCl4 est dû à l’arrivée d’un bol d’air lors du basculement sur l’échangeur de secours dont le circuit, en boucle sur la colonne, était à vide. L’accumulation d’inertes gazeux chauds dans la colonne d’absorption au début de l’accident a créé une contre-pression dans le circuit d’alimentation en CCl4 empêchant tout réamorçage de la pompe. La pénétration d’une faible quantité de chlore dans la salle de contrôle voisine est due à une panne de l’analyseur de chlore sur son évent d’aspiration d’air. La ligne d’échantillonnage de ce détecteur, pleine d’eau, a absorbé le chlore présent dans l’air aspiré, empêchant le basculement de l’aspiration sur les filtres à charbon actifs.

L’exploitant lance les mesures correctives suivantes :

  • amélioration de la fiabilité des échangeurs de chaleur ;
  • bascule de l’aspiration d’air de la salle de contrôle sur les filtres à charbon actifs dans l’attente d’une solution à l’entrée d’eau sur la ligne d’échantillonnage du détecteur ;
  • intégration de cet accident dans les scénarios de l’étude de danger de l’unité.