Pollution
Humain
Environnement
Economique

L’opérateur d’une usine de sels et d’oxydes métalliques lance à 9h30 le transfert d’une solution de nitrate de nickel vers une cuve de stockage de 23 m³. A 10h15, il réalise que la vanne de prise d’échantillon de la cuve est restée ouverte et arrête le transfert. En 45 min, 4,63 t de solution de nickel à 42 % (soit 660 kg de métal) ont fuit dans la rétention. Or, celle-ci est rendue inefficace par un by-pass au niveau du sol la reliant directement à la station d’épuration du site. La station est mise en circuit fermé alors que 23 kg de nickel ont été rejeté dans le RHÔNE. Un ajout manuel de soude et de floculant est réalisé pour accélérer la précipitation du métal. La production n’est cependant pas arrêtée. Le lendemain, le bassin primaire de la station atteint son niveau haut et risque de déborder. Les eaux du décanteur présentant une couleur et un pH acceptable, l’exploitant décide de reprendre son rejet dans le fleuve. La présence de nickel dans ce rejet (144 kg à 275 mg/L) n’est découverte que lors de l’analyse des prélèvements journaliers en fin de quinzaine ; 167 kg de nickel ont été rejetés dans le RHÔNE et 30 kg sont encore rejetés la semaine suivante. Aucun impact n’a été observé sur le milieu naturel. L’inspection des installations classées est informée.

Lors du transfert, l’opérateur n’a pas vérifié préalablement la vanne de prise d’échantillon de la cuve. Cette vérification n’est pas intégrée à une procédure écrite mais fait partie de la formation de base des opérateurs. Le site étant peu automatisé, beaucoup d’opérations sont réalisées manuellement. De plus, cette vanne, contrairement aux autres vannes quart-de-tour du site, ne dispose pas de cache destiné à éviter les erreurs de manœuvre ou les ouvertures involontaires. L’inefficacité de la rétention à cause du by-pass était connue mais aucun obturateur n’avait été installé. Ce by pass permettait d’évacuer facilement les eaux de rinçage de la cuve vers la station, cette opération étant fréquente. De plus, la stratégie d’intervention du site est d’éloigner rapidement les fuites de produits dangereux en les dirigeant vers la station d’épuration du site : la rétention n’était donc qu’un déversoir gravitaire à volume nul.

La neutralisation partielle a masqué l’acidification du décanteur qui aurait eu lieu plus rapidement et déclenché l’automatisme de fermeture à partir d’un pH inférieur à 5,5. La recirculation des effluents n’a pas permis de traiter la totalité du nickel; la capacité de la station (100 kg/h de Ni) étant insuffisante pour une charge élevée en situation accidentelle (ici 600 kg/h de Ni) : la capacité des cuves de floculation et de précipitation étant insuffisante pour traiter en 24 h une pollution massive du décanteur. Enfin, la décision de rouvrir le décanteur n’a été prise que sur un critère de couleur et de pH. Aucune analyse n’a été réalisée pour connaître la concentration en ions métalliques.

L’exploitant met en place une signalisation visuelle indiquant la position des vannes, recense les by-pass du site, relève le seuil de pH qui déclenche la fermeture du décanteur, établit un volume minimal à préserver dans la station pour garantir un fonctionnement en circuit fermé plus long. Une procédure en cas d’incident impliquant la STEP est rédigée et le personnel est formé à son application en cas de risques de pollution