Pollution
Humain
Environnement
Economique

Dans l’unité de distillation de bichlorure de soufre (SCl2) d’une usine chimique, une flaque de SCl2 se forme vers 13h10 dans la rétention d’une colonne de distillation en fin de distillation à la suite d’une fuite sur une pompe de recyclage. Le SCl2 s’hydrolyse au contact de l’humidité ambiante, provoquant une forte émission de chlorure d’hydrogène (HCl) qui n’est pas détecté par le détecteur de gaz HCl de la colonne (seuil à 25 ppm). Un détecteur de sécurité implanté dans l’unité donne l’alarme à 13h12 (105 ppm d’HCl mesurés) : l’automate met l’unité en sécurité puis déclenche en local l’alarme sonore et visuelle tandis que des messages d’alarme s’affichent sur les écrans de conduite en salle de contrôle. Le POI est déclenché à 13h35 et les 36 employés sont évacués. Les pompiers internes, appuyés par 40 pompiers externes, s’équipent d’ARI et colmatent la fuite, le nuage d’HCl est abattu avec 4 rampes d’arrosage. Les 120 m³ d’eau utilisés sont recueillis dans un bassin de rétention pour être réutilisés en production. Le POI est levé à 16h15. Une société spécialisée pompe le lendemain les 800 l (1 200 kg) de bichlorure de soufre déversés dans la cuvette de rétention, qui sont récupérés dans une cuve de stockage. L’HCl est resté confiné dans le bâtiment. Les rétentions sont nettoyées avec un mélange neutralisant (eau + carbonate de potassium) qui est pompé puis traité dans la station de traitement de l’usine. Un accident comparable était survenu sur le site en 2006 (ARIA 31691).

La fuite a pour origine une rupture mécanique de la pompe de recyclage d’une cuve de stockage dont le remplissage s’était terminé 50 min plus tôt. Elle a été aggravée par la non-fermeture de la vanne automatique de fond de la cuve malgré son activation, d’abord par l’automate de sécurité lors de la mise en sécurité, puis par la sécurité de niveau bas de la cuve à 13h30. Un problème mécanique serait à l’origine de la non-fermeture de la vanne de fond, celle-ci se fermant difficilement depuis 10 jours. L’inspection des IC relève que les performances de la pompe ne semblent pas adaptées aux exigences du procédé vu le grand nombre d’opérations de maintenance qu’elle avait subit avant l’accident. L’exploitant soutient quant à lui que la technologie de pompe est éprouvée depuis plus de 10 ans en l’absence de symptômes de défaillance. En plus de l’expertise de la pompe et de la vanne, l’exploitant met en place les mesures suivantes :

  • Remplacer la pompe et la vanne de fond défaillantes, ainsi que l’actionneur de cette dernière ;
  • Remplacer à titre préventif les pesons (capteur de poids) de la cuve accidentée et de la cuve voisine ;
  • Changer et étalonner la cellule du détecteur de gaz HCl de la colonne, le dysfonctionnement du détecteur en place – contrôlé 5 mois ½ avant l’accident (périodicité recommandée par le fournisseur: 3 à 4 mois) – n’ayant pas été corrigé par un ré-étalonnage ;
  • Asservir la vanne de fond des 4 cuves de stockage de SCl2 à la détection locale d’HCl ;
  • Automatiser les vannes manuelles servant à isoler la pompe de recyclage et les asservir à la mise en sécurité ;
  • Installer un ramasse gouttes sur le contrôleur de fuite de la pompe pour éviter les éclaboussures hors rétention.