Pollution
Humain
Environnement
Economique

Une conduite forcée (diamètre 1,2 m) s’ouvre vers 8 h sur une longueur de 3 m à 200 m en aval de la vanne de tête. La déchirure se produit et juste en amont d’un massif d’ancrage de la conduite en béton non armé, dont le coin supérieur est arraché et dévale la pente. La vanne de tête se ferme automatiquement du fait de la chute de pression, mais l’eau comprise entre la vanne et la fuite ruisselle sur un flanc de montagne. Les boues et embâcles s’accumulent au niveau des 2 ponts d’accès à une usine d’aluminium classée Seveso, en contrebas sur les berges du GAVE DE LESCUN. La montée des eaux conduit au déclenchement du POI de l’usine à 9h30. Les unités de production sont arrêtées, des produits dangereux déplacés hors d’atteinte et l’exploitant installe des batardeaux en protection. 40 employés (hors agents de maintenance) évacuent. L’inspection des installations classées et le sous-préfet se rendent sur place.

La conduite forcée en aval de la fuite et la galerie d’amenée en amont de la vanne de tête sont vidangées à 10h30. Les pompiers et une société tierce tronçonnent les arbres et curent le cours d’eau. Un communiqué de presse est émis à 14 h et le POI est levé à 19 h. L’activité reprend après 24 h d’arrêt. Des agents de l’ONF spécialisés dans la restauration des terrains en montagne contrôlent la stabilité des pentes. Les travaux de réparation et de sécurisation de la conduite durent plusieurs mois.

Selon l’exploitant hydroélectrique, la rupture résulte d’un enchaînement complexe. Depuis le 22/04 et sans qu’il s’en soit aperçu, les injecteurs d’eau de l’une des 2 turbines Pelton reliées à la conduite étaient bloqués (l’un d’eux par la présence de sablon). Les injecteurs de l’autre turbine assuraient la totalité de la régulation de débit et de la puissance produite. Le servomoteur actionnant les injecteurs bloqués a alors reçu en continu des ordres de baisse de charge. Mais une prise d’air apparue inopinément sur le circuit de commande hydraulique a provoqué la vidange lente et complète du servomoteur implanté en point haut. Le 26/04 à 8h05, une alarme de défaut a provoqué le déclenchement (déconnexion du réseau) du groupe. L’accélération qui en résulte génère des vibrations qui entraînent la fermeture brutale des injecteurs et l’apparition d’un coup de bélier se propageant le long de la conduite (pression mesurée 56 bar soit 176% de la pression de dimensionnement)

L’accident met en évidence des difficultés de transmission de l’alerte de l’exploitant de la conduite forcée vers l’usine d’aluminium. Par ailleurs, l’agression externe liée à la rupture de la conduite n’était pas prévue dans le POI de l’usine. L’analyse post-accidentelle pointe la nécessité d’inclure dans le POI les modalités de désignation d’un suppléant du directeur des opérations internes (DOI) au poste de commandement, lorsque celui-ci se rend sur le terrain au cours des opérations