Pollution
Humain
Environnement
Economique

Dans un terminal d’une raffinerie, un méthanier termine à 21 h le chargement de 1 800 t de propane liquéfié dans 2 cuves de 2 000 m³ à 11 bar. Un expert monte à bord afin de prélever des échantillons dans les réservoirs. Cette opération est réalisée avec un dispositif se vissant sur la prise d’échantillon coudée. Cette prise se trouve sur le circuit de déchargement du propane, sous un robinet manuel à soupape, après une vanne d’arrêt d’urgence (Emergency Shutdown valve ou ESD).

Après avoir prélevé 4 échantillons sur le réservoir 1 sous la surveillance du second capitaine commandant le brassage du réservoir, le préleveur se rend seul sur le réservoir 2 pour préparer l’échantillonnage, le second mettant en sécurité le réservoir 1. Pour pouvoir brancher le dispositif de prélèvement, il tourne le coude de la prise d’échantillon d’un quart de tour vers la gauche. Le coude se dévisse et tombe dans sa main, entrainant une fuite à 21h40. Le second capitaine active les ESD mais un dysfonctionnement sur celle du réservoir 2 empêche sa fermeture. Les tentatives pour remettre en place le coude et fermer la vanne de prélèvement l’équipant échouent à cause de la formation d’un bloc de glace sur l’orifice. Les équipes d’intervention sont alertées et l’arrosage automatique empêche la formation d’une atmosphère explosive.

A 22 h, le trafic maritime est suspendu dans le port de Southampton, à quelques kilomètres. A minuit, les équipages des navires du terminal sont évacués. A 5h30, le périmètre de sécurité est ramené à 400 m.

Plusieurs solutions sont envisagées pour arrêter la fuite :

  • vider le réservoir 1 à quai puis y transvaser le contenu du 2 (solution rejetée car aucun réservoir n’est libre à quai);
  • placer une pièce de bois contre le trou (rejeté pour un risque de dommages matériels et réparation temporaire empêchant le navire de prendre la mer);
  • injecter de l’eau de mer dans le réservoir 2 jusqu’à ce que cette eau fuie par l’orifice puis retirer le bloc de glace et remettre le coude (rejeté pour un risque de contamination du réservoir et de formation de glace dans la tuyauterie);
  • injecter un produit colmatant entre l’ESD et le robinet manuel à soupape (option retenue).

Une entreprise spécialisée injecte lentement le produit à partir de 14h10. La fuite est colmatée à 2h40 le lendemain, 29 h après l’accident. Le volume de propane perdu est estimé à 66 t. Cette réparation permet au navire de prendre la mer vers le Portugal où il doit livrer sa cargaison. Une nouvelle prise d’échantillon est installée.

L’agence anglaise chargée des accidents maritimes (Marine Accident Investigation Branch) réalise une enquête et tire plusieurs conclusions :

  • le dévissage du coude d’échantillonnage lors d’une rotation d’un quart de tour est la cause de la fuite;
  • le prélèvement d’échantillon au niveau d’une vanne manuelle est un choix par défaut, les autres méthodes existantes pouvant donner lieu à un échantillon contaminé (prélèvement en fond de réservoir sur le circuit de vidange) ou à des risques importants de fuite (prélèvement par le conduit des jauges graduées de secours);
  • il existe un vide réglementaire sur les méthodes d’échantillonnage;
  • l’expert en cargaison pensait que 2 vannes étaient fermées entre le point de prélèvement et le réservoir sous pression;
  • l’ESD du réservoir 2 présentait une bavure, causée par une soudure, l’empêchant de se fermer totalement et ne disposait pas d’un système indiquant sa fermeture complète;
  • il n’existe aucun mode opératoire (réglementaire ou industriel) pour le contrôle des ESD sur les lignes de déchargement.