Pollution
Humain
Environnement
Economique

Une explosion se produit vers 1h05 dans l’unité de fabrication de poudres de polyamides d’un site chimique. Les opérateurs de l’unité découvrent un début d’incendie au niveau d’un conteneur dans la section de régénération du solvant utilisé pour la synthèse des poudres et recyclé sur place par distillation en continu dans un ballon. La vidange du culot de distillation est en cours, le ballon devant être débarrassé 3 à 4 fois par an des fractions lourdes non volatiles du solvant (un hydrocarbure aliphatique). La vidange se fait par voie gravitaire dans un conteneur de récupération, 9 conteneurs sont utilisés successivement et l’accident survient sur le dernier, plein à 25 %. Les opérateurs maîtrisent le foyer à 1h15 avec les moyens d’extinction fixe et mobile de l’unité ; les équipes de lutte incendie de la société voisine n’ont pas à intervenir (le site est localisé au sein d’une plate forme chimique). L’exploitant ne déclenche pas le POI mais alerte l’inspection des IC et la commune voisine. Il diffuse un communiqué de presse. Aucune victime et aucun impact sur l’environnement ne sont relevés par l’exploitant. L’unité redémarre quelques jours après l’accident en stockant le solvant usé jusqu’à la remise en service de la section régénération, effective un mois après.

L’enquête menée par l’exploitant montre que, suite à une panne du peson mesurant le poids du conteneur en cours de remplissage, l’automate gérant la vidange du culot de distillation est indisponible. L’automate gère l’introduction d’azote dans le ballon pour casser le vide, la mise en équilibre du ciel gazeux du ballon avec le conteneur, puis l’évacuation des charges électrostatiques par une canne équipotentielle introduite dans le conteneur avant le début de la vidange (en raison du risque d’atmosphère explosible, l’équipement étant en zone ATEX).

Une procédure de vidange manuelle est donc en cours le jour de l’accident mais deux étapes ne sont pas appliquées correctement :

  • l’alimentation en azote du ballon ne s’est pas faite, le ballon et le conteneur sont passés en légère dépression alors qu’une légère surpression est nécessaire ;
  • la canne équipotentielle est mal positionnée dans le conteneur : elle est reliée à l’armature externe du conteneur alors qu’elle devrait être en contact avec le produit. Une entrée d’air est alors possible par l’orifice permettant son introduction dans le conteneur.

Un mélange air / solvant supérieur à sa L.I.E. se forme alors dans le ciel gazeux du conteneur. Comme il n’existe aucune pièce mécanique en mouvement, la source d’inflammation ayant conduit à l’explosion du mélange est probablement fournie par la charge électrostatique de l’air extérieur entrant par l’orifice de la canne en raison de la légère dépression qui règne dans le conteneur. Cette charge électrostatique n’est pas évacuée à la terre car la canne est mal positionnée. L’explosion est suivie d’un feu de flaque du solvant présent dans le conteneur et répandu au sol.

L’exploitant révise les procédures des opérations de vidange / purge de solvant sur tous le site et met en place une barrière de sécurité additionnelle pour éviter ce type d’accident. Les liaisons équipotentielles des équipements sont également vérifiées. Une mise à jour de l’analyse des risques du site est engagée pour prendre en compte cet accident.