Pollution
Humain
Environnement
Economique

Un contrôle de routine du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) sur un employé d’une entreprise sous-traitante révèle une contamination au tritium. Cet isotope de l’hydrogène présent à l’état de traces dans l’environnement est produit artificiellement dans les réacteurs nucléaires. Extrêmement volatil et facilement absorbable par les organismes vivants par substitution avec les atomes d’hydrogène de l’eau, il est considéré par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) comme très faiblement radiotoxique.

L’ASN est informée par le CEA et l’entreprise au titre de la radioprotection. Le tritium provient d’un dispositif expérimental mis à disposition de l’entreprise par le CEA de Valduc (21) ; il avait préalablement été utilisé pour des essais par une autre entreprise localisée à Bandoufle (91). Cette pièce était supposée à tort ne pas contenir de tritium.

À la demande de l’ASN, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) réalise un diagnostic radiologique les 4 et 5/11. Le 9/11, le ministre de l’écologie demande au CEA dont il partage la tutelle de communiquer à l’ASN l’ensemble des éléments permettant d’identifier les causes de l’incident, d’en tirer des enseignements et met à disposition du préfet et du député les services compétents du ministère pour gérer l’incident et assurer l’information de la population lors d’une réunion publique le 15/11.

Dans un communiqué diffusé le 10/11, l’IRSN livre les résultats des prélèvements effectués sur les personnes et les bâtiments à l’intérieur et à l’extérieur de l’entreprise. Ont été contaminés (présence de tritium dans les urines) :

  • 6 employés de l’entreprise ayant reçu une dose de 0,5 à 5 mSv, en deçà de la limite annuelle règlementaire du code du travail pour les travailleurs classés de 20 mSv ;
  • 7 travailleurs d’autres entreprises ayant séjourné dans les locaux et reçu une dose de 0,5 mSv ;
  • 7 riverains ayant reçu une dose de 3µSv, très inférieure aux seuils d’effet notable sur la santé prévus pour le public par le code de la santé.

Les victimes sont informées en personne par le directeur de la radioprotection de l’Homme de l’IRSN le 9/11.

De plus :

  • les locaux de l’entreprise présentent une contamination importante en tritium justifiant une restriction d’accès à partir du 8/11. De l’eau issue de l’appareil expérimental et stockée à l’air libre constituant la source principale est évacuée le 9/11 par des spécialistes du CEA sous la supervision de l’ASN ;
  • l’environnement immédiat, et notamment les végétaux, présentent une contamination diminuant rapidement avec la distance d’éloignement du site.

Par ailleurs, lors d’une inspection le 5/11 l’IRSN n’a constaté aucune contamination des bâtiments ni de l’environnement proche du site de Bondoufle (91) où a transité la pièce.

Malgré les très faibles niveaux observés à Saint-Maur-des-Fossés, l’IRSN poursuit le suivi, en concertation avec le préfet et le maire durant la durée des travaux d’assainissement conduits par le CEA. Entre le 8/11 et le 25/11, aucune baisse nette des concentrations de tritium dans l’environnement n’est observée. L’eau potable n’est pas impactée.

Une association spécialisée dans le risque radiologique porte plainte le 10/12, pointant des manquements à la réglementation sur le transport des matières radioactives. Elle déplore que certaines opérations aient été confiées au CEA alors même que sa responsabilité était engagée.

L’accident est classé en niveau 2 de l’échelle internationale INES au titre de la défense en profondeur en raison de la défaillance de contrôle du CEA.

La synthèse des résultats de mesures de tritium effectuées par l’IRSN et le CEA du 05/11/10 au 28/03/13 démontre la persistance d’un faible marquage environnemental mais indique une influence des rejets de tritium qui s’atténue rapidement en s’éloignant du site. Les dernières valeurs obtenues sont négligeables en termes de risque radiologique pour les écosystèmes et pour la santé humaine.