Pollution
Humain
Environnement
Economique

Un samedi après-midi, dans une usine produisant du résorcinol, un opérateur utilise à la fois la ligne de transfert normale et celle d’urgence afin de remplir plus rapidement le réservoir de production 1502 en oléum (acide sulfurique fumant). Pendant le remplissage, il prépare du carbonate de calcium. Vers 14 h, son travail étant terminé, il quitte l’usine mais oublie d’éteindre la pompe de la ligne d’urgence. A 14h13 puis 14h18, 2 alarmes visuelles indiquent un niveau haut. A 15h12, des vapeurs sortent du réservoir et à 16h15, des employés les repèrent et informent leur hiérarchie. Le personnel pensant à une fuite sur la ligne, de l’air est insufflé. Le dégagement continuant, l’usine est évacuée et les secours extérieurs sont alertés à 16h55.

Les autorités barrent les routes et confinent ou évacuent 2 500 riverains. A 16h58, le système d’extinction est activé dans le local afin de diluer l’oléum, sans succès. Une équipe en combinaison anti-chimique effectue une reconnaissance pour déterminer la source du dégagement. Le nuage est trop dense, l’équipe ne peut faire qu’un seul pas dans le bâtiment. Cependant, les intervenants remarquent que de l’oléum leur coule dessus depuis le haut du réservoir 1502 et en déduisent qu’une pompe est toujours en fonctionnement. Ils décident de couper l’alimentation électrique mais ne peuvent atteindre le local électrique en sécurité à cause de l’eau déversée. La pompe n’est coupée à distance qu’à 19 h. A 2 h, les mesures atmosphériques ne relevant aucune trace du produit, les riverains réintègrent leur logement. Au cours de l’intervention, 1 secouriste a inhalé des vapeurs. Une enquête est ouverte par l’administration fédérale chargée des accidents chimiques (CSB).

Le CSB a relevé plusieurs irrégularités. Lorsque le niveau est haut dans le 1502, la pompe de transfert normale se coupe mais pas celle d’urgence. En outre, seule l’alarme visuelle fonctionnait, l’alarme sonore étant hors-service depuis plusieurs mois. Aucune procédure ne vérifiait leur fonctionnement. De plus la ligne d’urgence n’était pas commandée à distance.

Depuis la fin des années 1980, l’entreprise avait ajouté un 3e employé dans cette unité. Les employés n’ayant plus à se dépêcher pour remplir les réservoirs pendant qu’ils préparaient le carbonate de sodium, l’utilisation de la ligne d’urgence n’était donc plus nécessaire. Cependant, les opérateurs continuaient à utiliser cette ligne et formaient les nouveaux en transmettant les consignes oralement, aucune procédure écrite n’étant rédigée. La direction était au courant de cette pratique le week-end et la tolérait puisqu’elle permettait de remplir les cuves de stockage immédiatement lors de la livraison d’oléum le lundi. Enfin, lors des analyses de risques, la ligne d’urgence avait été prise en compte de la même manière que la ligne normale bien qu’elle ne disposât pas des mêmes sécurités (coupure automatique lors d’un niveau haut par exemple).