Une solution de dioxyde de chlore (ClO2), substance utilisée pour désinfecter l’eau distribuée par le réseau, s’écoule durant la nuit dans une usine de production d’eau potable. Le lendemain matin, les employés découvrent une importante fuite sur le réacteur de production de ClO2 à partir de chlore gazeux (Cl2) et de soude. Ils tentent alors de neutraliser le ClO2 écoulé par du bisulfite de sodium, ce qui génère des vapeurs chlorées dans le local. Le personnel incommodé doit évacuer les lieux. Les pompiers équipés d’ARI ferment les vannes d’alimentation du réacteur pour arrêter l’écoulement (débit de 500 l/h), aèrent le local et coupent l’alimentation électrique pour éviter tout risque d’explosion. Après vérification, 80 000 l de solution aqueuse contenant 250 à 300 mg de ClO2 (~ 24 kg ClO2), déversés sur le sol de l’usine, se sont écoulés dans une fosse implantée dans le sous-sol de l’installation. L’exploitant doit traiter ces 80 000 l de déchets aqueux et gérer la coupure volontaire de l’alimentation électrique. L’alimentation en eau potable s’est cependant poursuivie malgré un fonctionnement dégradé : écoulement gravitaire, traitement à l’eau de javel, recours à d’autres captages d’eau. Une double neutralisation des déchets liquides mise en oeuvre 10 jours après l’accident permet de rejeter les effluents traités dans le réseau d’assainissement. L’exploitant ne sachant toujours pas expliquer l’origine de la fuite 15 j plus tard, l’installation impliquée dans l’accident et une autre identique sur un autre site sont arrêtées. A la lumière de l’accident, il s’avère qu’aucun exploitant d’eau potable ne semble avoir étudié préalablement ce type de scénario, du moins avec de telles quantités, et que les entreprises de traitement des déchets contactées paraissent désarmées face à un tel événement… Un groupe de pilotage devrait être créé avec les différents organismes concernés pour élucider l’origine du sinistre et édicter des règles ou un mémento permettant de mieux gérer ce type d’accident.