Pollution
Humain
Environnement
Economique

Un feu se déclare dans l’atelier résine d’une usine de revêtements de sol. L’atelier est à l’arrêt. Ses réservoirs de stockage des matières premières sont vides. La mise en sécurité des installations et des travaux de maintenance sont en cours en vue de l’arrêt estival de l’établissement prévu le lendemain. A cet effet, 2 agents à l’extérieur de l’atelier surveillent vers 9 h la vidange de la purge de méthanol dans le sas. A leur retour, dans le sas entre un réacteur et la cabine de pilotage, ils détectent un incendie qui se propage au toit du bâtiment. Equipés d’EPI, ils attaquent le feu avec 2 extincteurs à poudre, puis un RIA. Simultanément, ils alertent le poste de garde pour déclencher le POI de l’usine. Les énergies sont coupées et des vannes sont fermées pour isoler le réseau d’égouts dont l’exutoire se rejette dans la DORDOGNE. Le responsable de l’atelier alerte les pompiers, puis se rend sur les lieux à 9h05. Avec 2 extincteurs à poudre, il éteint le feu qui suit les caniveaux du rez-de-chaussée. Rejoignant l’atelier à 9h10, les pompiers du site installent 2 lances pour protéger les cuves de stockage de phénol sous le vent et enrayer la propagation du feu en toiture. Sur place à 9h23, les secours externes installent 2 lances supplémentaires pour protéger les autres cuves de stockage : formol, potasse, méthylmélamine et méthanol…

Les 250 salariés sont confinés loin de l’atelier. La circulation sur la route voisine est suspendue. Les pompiers dégarnissent la sous-toiture pour ralentir la propagation du sinistre. L’incendie est éteint vers 12h30, le POI a été levé à 11h20. Deux pompiers sont légèrement blessés lors de l’intervention. Les dommages matériels sont importants : toiture en partie brûlée et effondrée sur 2 pans au-dessus de la cabine de pilotage de l’atelier détruite, matériel de supervision (automate), câbles électriques et compteurs inutilisables… Les eaux d’extinction polluent 15 t de mélamine cristallisée. Hors coût de réparation de la toiture, l’exploitant évalue les dommages matériels à 150 Keuros. Les 75 m³ d’eaux d’extinction sont dirigées vers un bassin de stockage de 250 m³, puis analysées pour déterminer leur mode d’élimination en cas de pollution avérée ou de rejet dans la DORDOGNE. Au vu de la faible quantité de méthanol en jeu (< 20 l), l'exploitant considère qu'il n'y a eu ni émanations toxiques, ni impact sanitaire.

Pour sécuriser la zone, la toiture est démolie et une bâche de protection est installée. Un plan d’action est établi pour une reprise normale de l’activité après l’arrêt estival telle que prévue avant le sinistre :

  • 22/08 Réception des matières premières (phénol et formol) et tests des équipements de sécurité ;
  • 23/08 Démarrage de la production de résines si les tests sont concluants ;
  • 27/08 Reprise de la production de stratifiés.

Selon l’exploitant, un court-circuit électrique au niveau de la vanne de purge située dans le sas serait à l’origine du sinistre.

Plusieurs mesures sont étudiées :

  • installation d’une déviation du système de purge du méthanol pour implanter la vanne de purge hors du sas ;
  • déplacement des câbles électriques à l’extérieur ;
  • utilisation de matériel électrique ATEX pour remplacer l’existant ;
  • actualisation du POI (alarme reportée sur les téléphones internes du personnel, sirène rendue audible sur l’ensemble du site, ajout d’une fiche réflexe « Responsable des relations internes » et amélioration de la communication interne en situation de crise, cette dernière s’étant avérée difficile lors de l’incendie).

L’inspection des IC note que le scénario d’un tel accident n’apparaît pas dans l’étude de danger du site. L’exploitant doit reprendre son étude de danger en réalisant une étude fine des risques liés à un tel scénario et notamment des conséquences d’un tel incendie quel que soit le niveau d’activité du site (en particulier en période de production), ainsi que des effets domino éventuels sur les installations voisines : cuves, réacteurs… Aucun protocole n’existant pour la mise à l’arrêt de l’atelier, l’exploitant doit définir un mode opératoire pour s’assurer que l’arrêt de toutes les installations de l’atelier est réalisé dans des conditions optimales de sécurité. Une procédure semblable doit aussi être établie pour le démarrage des installations. L’exploitant doit enfin examiner la possibilité d’équiper l’atelier de détecteurs d’incendie et de détecteurs phénols / formol / méthanol.