Pollution
Humain
Environnement
Economique

Sur un site chimique de 40 ha, situé en sortie d’agglomération et employant 280 personnes, le disque de sécurité taré à 1,5 bar d’un réacteur de 15,2 m³ se rompt dans un atelier de résines formo-phénoliques utilisées pour des colles de matériaux agglomérés. L’exploitant informe l’inspecteur des installations classées (IIC) qui se rend sur les lieux.

La production par batch d’une résine formo-phénolique s’étale sur 10 h. Le formol et le phénol sont chargés dans le réacteur chauffé, puis la soude utilisée comme catalyseur est introduite progressivement dans l’appareil maintenu sous vide. Le dispositif de refroidissement du réacteur (2 doubles-enveloppes) et le retour des condensats des vapeurs émises permettent de contrôler la réaction chimique très exothermique.

Le jour de l’accident, les 3 réactifs sont introduits dans le réacteur. La réaction s’emballe avec montée en température / pression de l’enceinte et rupture du disque taré protégeant l’installation ; 6 t de milieu réactionnel (formol 11,5 %, phénol 0,6 %, soude et résine) expulsées au toit, retombent dans et hors l’usine jusqu’à 400 m de distance. Des potagers et les carrosseries de plusieurs voitures sont atteints.

L’IIC propose l’arrêt du réacteur accidenté, son redémarrage étant subordonné à une étude précisant les causes de l’accident et proposant des dispositions pour en éviter le renouvellement. L’exploitant doit aussi transmettre sous 24 h une cartographie précise et exploitable des zones atteintes par les retombées chimiques, pour en informer les élus locaux et permettre la mise en œuvre de mesures appropriées. A cette étude, sont joints tous les documents et informations nécessaires (toxicologie…) à la bonne évaluation des risques éventuels encourus par les occupants des zones concernées. L’exploitant doit enfin proposer des mesures pour traiter les zones polluées : élimination des végétaux atteints, traitement des terrains….

L’exploitant nettoie son site ; 1 000 m³ d’eaux de lavage sont stockés dans un bassin de confinement interne. Les sols et végétaux sont analysés : 0,02 mg/kg à 0,87 mg/kg de phénol dans les échantillons de terre, 0,17 à 4,08 mg/kg dans les végétaux. Une partie des légumes des potagers est récupérée et un champ de blé atteint par les retombées de substances chimiques est fauché. Les dommages sont remboursés.

Après une coulée trop rapide de soude, aggravée par un chargement important du réacteur, le refroidissement de ce dernier a été trop tardif (12 min après l’élévation de température selon les enregistrements). Les quantités de produits sont très importantes, même si ces dernières sont selon l’exploitant conformes au mode opératoire (15 190 kg mesurés par débitmètre massique ou 15 792 kg par peson pour un réacteur de 15,2 m³). La réaction s’est emballée alors que les dispositifs de refroidissement du réacteur qui a atteint 127 °C ne fonctionnaient pas.

Le haut niveau de chargement du réacteur, l’insuffisance des capacités de refroidissement disponibles et l’inadaptation des températures de consigne ont ainsi empêché la maîtrise du procédé réactionnel. De plus, le chargement de tous les principaux réactifs en début de cycle en contradiction avec les bonnes pratiques professionnelles a favorisé l’emballement de la réaction. L’atelier n’avait pas les autorisations réglementaires nécessaires pour fabriquer cette résine d’un nouveau type, aucune étude de dangers du procédé et de l’installation n’avait été réalisée préalablement.

L’exploitant modifie son procédé au profit d’une coulée continue de formol pour un meilleur contrôle de l’exothermicité de la réaction et une protection contre un emballement par arrêt de l’introduction du formol. Les quantités des réactifs sont réduites et le suivi des paramètres de fonctionnement du réacteur et du déroulement de la réaction chimique est amélioré.

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