Pollution
Humain
Environnement
Economique

Lors d’un orage, une coupure électrique perturbe à 22h46 la production de polystyrène (PS) d’un site chimique où 27 des 160 employés sont présents. Un disque de sécurité se rompt et du styrène est émis.

L’atelier CMP (crystal manufactured polystyrene) produit en continu 2 variétés de PS : «cristal» (lignes DC1 & DC2) ou «choc» (ligne DC3). L’atelier EPS (expandable polystyrene) produit en discontinu du PS «expansible» dans 6 réacteurs décalés : 2 en début de cycle, 2 au stade intermédiaire et 2 en fin de réaction.

Pour minimiser les effets des microcoupures (orages) sur la qualité des PS, l’exploitant a l’habitude de basculer l’alimentation des ateliers sur les 4 groupes électrogènes de sa centrale «EJP» (Effacement Jour de Pointe). La manoeuvre est réalisée à 22h20, 3 groupes étant disponibles. A 22h43, l’orage met en défaut le 1er groupe ; les 2 autres ne suffisant pas, la centrale se met en sécurité à 22h46 avec perte des utilités.

Un agent tente de redémarrer l’EJP, puis l’astreinte maintenance électrique, seule habilitée à basculer l’alimentation sur le réseau EDF, est appelée à 22h53. L’alerte interne est déclenchée à 23h01, une cellule de gestion de crise est activée, équipe d’astreinte et secours externes sont alertés.

A 23h05, le 1er réacteur DC1 monte en pression. Selon la procédure d’urgence, des gyromonitors démarrent à 23h15 pour abattre d’éventuelles vapeurs à l’évent du réacteur 1 / ligne DC2. En effet, avec le procédé utilisé et contrairement aux 2 autres lignes, une surpression peut rompre le disque. Le site est connecté au réseau à 23h18, mais les unités ne démarrent qu’après un délai. A 23h20 le disque du réacteur 1 (DC2) éclate à 5,8 b projetant un mélange liquide de 10 t de PS et 3 t de styrène.

A 23h40, un rideau d’eau périphérique est activé pour contrôler les vapeurs. Les 2 réacteurs de l’atelier EPS en début de polymérisation sont vidés par précaution dans une fosse d’urgence. A 0h25, les concentrations de styrène autour de la fosse et dans les 4 communes limitrophes sont nulles. L’alerte est levée à 2 h.

L’efficacité des gyromonitors, le degré de polymérisation (moindre quantité de styrène) et le confinement des rejets aqueux dans un bassin ont limité les conséquences aux pertes d’exploitation ; des riverains percevront cependant des odeurs. Un arrêté d’urgence est pris, les unités redémarrent le 19/07.

L’emballement du réacteur est dû à la perte des utilités. L’opérateur de la salle de contrôle n’a pas ouvert l’évent suffisamment tôt compte tenu de l’ensemble des actions à gérer pour mettre en sécurité les 3 lignes de polystyrène ainsi que le prévoyait la procédure.

L’exploitant modifie sa pratique en cas d’orage : l’alimentation électrique restera assurée par EDF (normale + secours) avec fonctionnement en sécurité positive indépendante de la fourniture en utilités des EIPS (Equipements Importants pour la Sécurité) nécessaires au contrôle d’un emballement. La procédure d’urgence de la ligne DC2 est modifiée : vanne d’évent ouverte et démarrage des gyromonitors dès lancement de la procédure d’arrêt. Le refroidissement de cette ligne est modifié pour limiter les ruptures de disque sur emballements de réaction.

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