Pollution
Humain
Environnement
Economique

Dans une usine chimique, une explosion détruit un bâtiment abritant 4 500 t de sulfo-nitrate d’ammonium 50-50, formant un cratère de 90 m de large, 125 m de long et 20 m de profondeur. Peu après, de multiples feux se déclarent sur les installations par effet domino et d’autres explosions moins importantes se produisent. Entendue à plus de 275 km, la détonation crée un sentiment de panique dans la population. Un nuage vert foncé assombrit le ciel de la région, les télégraphes et télécommunications sont détruits… Des dommages seront relevés à plusieurs dizaines de km du lieu de l’accident.

Le bilan de la catastrophe est très lourd : 561 morts, 1952 blessés et plus de 7 500 sans-abris. Près de 80 % des bâtiments de la ville d’Oppau sont détruits, d’importants dommages sont relevés à Ludwigschafen et Mannheim. A Heidelberg, à 30 km d’Oppau, la circulation est stoppée en raison de la présence massive de débris de verre sur la chaussée. L’ampleur des dommages matériels et le nombre élevé de victimes compliquent l’intervention des secours. Dans une période politiquement, socialement et économiquement très troublée, 3 ans seront nécessaires pour effacer toutes les traces de l’accident.

L’enquête difficile qui suit dure plus de 2 ans. Un rapport publié en 1925 établira que l’accident fait suite à un tir d’explosif effectué dans le stock de sulfo-nitrate d’ammonium pour dérocher l’engrais pris en masse (mélange hygroscopique). Quelques mois avant celui-ci, des modifications apportées au procédé de fabrication avait permis d’obtenir un engrais moins chargé en humidité (2 % au lieu de 3 à 4 %), avec une densité apparente plus faible, mais le rendant plus explosif. Par ailleurs, la composition du tas de 4 500 t de mélange de sulfo-nitrate d’ammonium était probablement hétérogène, avec des zones plus riches en nitrate d’ammonium. Or l’explosivité d’un mélange sulfo-nitrate d’ammonium augmente considérablement lorsque sa proportion en nitrate d’ammonium passe de 50 à 60 %. Ainsi lors du tir de mine, un mélange enrichi en nitrate d’ammonium a pu détoner et entraîner la détonation des portions voisines de mélange 50-50 ; la détonation ne s’est pas étendue à l’ensemble du stock dont seuls 10 % ont explosé et notamment pas aux zones de densité plus élevée.

Lors d’essais préalables à la production réalisés en 1919, l’exploitant avait conclu à la non explosivité des mélanges de sulfate / nitrate d’ammonium à moins de 60 % de nitrate d’ammonium. Cet engrais était traité en conséquence comme une matière non dangereuse. Lors de la modification du procédé en 1921, aucun test supplémentaire n’avait été réalisé sur le mélange ainsi obtenu. L’accident montre qu’une modification en apparence minime des propriétés du produit fabriqué peut augmenter de façon très nette sa sensibilité à l’amorce.

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