Pollution
Humain
Environnement
Economique

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L’installation concernée permet de préparer, à partir d’ammoniac anhydre sous 8 bar de pression (NH3), une solution ammoniacale à 10 % (inhibiteur de corrosion) injectée ensuite en tête de la colonne de distillation sous vide du pétrole brut. Le circuit comprend : 1 réservoir de 7,16 m³ (V7124 – PS 20 bar) contenant lors des faits 3,8 t d’NH3 liquide, 2 vannes 1/4 tour (V1 isolant un ballon doseur (V7125 / 314 l, PS 20 bar) et V2 isolant une colonne / dissolveur de 3 m³ vide (V7126 / PS 2,7 bar) avec 6 orifices MN / MP à isoler, ainsi qu’un tube plongeur raccordé à la tuyauterie d’injection de solution ammoniacale. Une canalisation de liaison de 2 pouces (Shedule 40 – Ep. 3,91 mm) relie ces différents équipements. Le site où 700 personnes sont présentes est quasiment à l’arrêt pour travaux de maintenance et d’entretien (arrêt quinquennal). Le ballon V7125 est vide mais non dégazé après sa dernière utilisation et des ouvriers sous-traitants doivent isoler la colonne V7126, lavée la nuit précédente, pour une visite interne. Sur les 7 joints pleins à installer par le prestataire, 2 sont en cours de montage quand une fuite d’NH3 se produit à 8h30.

Celle-ci a lieu sur les 2 brides en cours de desserrage en entrée (sur la virole) et en sortie (en fond) de la colonne V7126. Les 4 intervenants surpris abandonnent le chantier, mais le nuage d’NH3 et des projections d’aérosol créé par la détente du liquide dans la colonne vide d’eau atteint gravement 2 d’entre eux qui seront évacués par hélicoptère sur un hôpital, et intoxique 6 autres opérateurs et ouvriers, ainsi que 3 agents de sécurité des services de secours du complexe de Berre. Le POI est déclenché vers 8H50. Dès 9h15, 60 pompiers départementaux, 3 officiers spécialisés en risques technologiques et 4 officiers médecins interviennent. Les couronnes d’arrosage fixes sont mises en œuvre et des rideaux mobiles sont mis en batterie pour contenir le nuage d’NH3 poussé par un fort mistral. La concentration en NH3 dans l’air est mesurée en continu.

La fuite est maîtrisée à 10h05, après qu’un opérateur sous ARI ait refermé les 2 vannes 1/4 tour trouvées décollées. Les émissions d’NH3 gazeux perdurent jusqu’à 14 h, heure de levée du POI, en raison de la vaporisation d’NH3 liquide contenu dans le réservoir V7126 implanté à un niveau inférieur au fond du réservoir V7124 (coulage gravitaire). Finalement les 3,8 t d’NH3 se sont échappées de l’installation. 1 t d’NH3 piégée lors de l’abattage du nuage s’étant déversée dans les rejets liquides de la raffinerie sur les 4 jours suivants l’accident.

Selon les intervenants, des difficultés ont été rencontrées pour desserrer les écrous sur les tiges filetées assurant le serrage des 2 brides (grippage). Compte-tenu de ces difficultés et de l’exiguïté des lieux, l’un des intervenants en se mouvant a sans doute manœuvré intempestivement l’une ou les 2 commandes de vannes ¼ tour. Celles-ci ainsi décollées ont laissé passer l’NH3 liquéfié. L’étanchéité des 2 vannes, vérifiée lors de l’expertise judiciaire, confirme ce scénario.

L’exploitant effectue l’étude de dangers demandée par l’inspection des installations classées. Sous un vent de 16,9 m/s (mistral) et avec un débit de fuite de 0,46 kg/s, la distance au seuil des effets irréversibles (300 ppm durant 30 min) est de 60 m. Celle-ci reste dans la raffinerie, couvrant une zone qui n’était pas en travaux d’arrêt. Un rayon à réduire cependant à la suite de l’abattage du nuage par les rideaux d’eau. Pour les effets à très court terme sur les ouvriers opérant le jointage, l’extrapolation du modèle de diffusion montre que la concentration létale, LC 1 % sous 1 min (20 000 mg/m³), se répartit selon un panache ovoïde de 18 m d’axe principal et effilé (3 m d’axe transversal). Cette modélisation expliquerait que, malgré les difficultés d’évacuation du chantier, les conséquences se soient limitées à 2 intoxications graves.

L’NH3 anhydre est remplacé par une solution aqueuse à 30 % directement livrée à la raffinerie. Les lignes devenues inutiles sont supprimées.