Pollution
Humain
Environnement
Economique

Dans une usine chimique, une violente explosion se produit lors d’une synthèse en batch de chlorobenzorex à partir d’une solution aqueuse sodée de borohydrure de sodium contenu dans une nourrice sur chariot mobile. L’atelier est dévasté : toit soufflé, parois légères déplacées, conduites de solvants rompues par les projections. La nourrice est détruite, mais le reste du matériel de process n’est pas endommagé. Hors de l’atelier mais proche d’une porte, un opérateur est projeté contre des conteneurs par l’onde de choc ; blessé aux côtes, il sera hospitalisé 1 mois.

La mise en solution du borohydrure de sodium (44 kg de poudre pour 130 kg de solution) est réalisée 2 h avant la synthèse, dans une nourrice de 630 l fermée et agitée. Cette dissolution étant difficile, le mode opératoire a été modifié depuis peu avec désormais réchauffage préalable de la solution par ruissellement d’eau chaude (45 / 55°C). Le réacteur est placé sous circulation d’azote (N2) à 14h10, puis relié à la nourrice dont le chauffage est stoppé. A 14h15, le piquage d’arrivée d’N2 sur la nourrice est connecté au flexible d’alimentation. A 14h20, le transfert d’N2 vers la nourrice commence avec ouverture partielle des vannes d’alimentation du réacteur et de fond de nourrice (débit de 100 l/h – P(N2) = 2,8 bar). A 14h40, le flexible d’N2 équipant la nourrice s’arrache brutalement et du gaz s’échappe par l’ouverture créée. Le personnel non essentiel évacue l’atelier, une équipe d’intervention installe une vanne sur le piquage pour stopper la fuite. Les intervenants tentent alors de décomprimer la nourrice dans le réacteur en ouvrant au maximum la vanne du réacteur, puis essaient d’ouvrir la vanne de la nourrice dont l’accès est difficile. A ce moment, le trou d’homme de la nourrice cède quelques secondes avant que celle-ci n’explose.

Les investigations réalisées après l’accident montreront une décomposition thermique du borohydrure de sodium initiée par une température de stockage trop élevée (50 °C dû au ruissellement d’eau chaude). Le maintien de la température de 50 °C a stabilisé la vitesse de décomposition de telle façon que la faible quantité d’hydrogène (H2) formée pouvait s’échapper par les fuites de la nourrice. Lorsque le chauffage a été arrêté, le système a évolué de façon autonome : la température a augmenté sous l’effet de la chaleur de décomposition tout comme la pression, provoquant l’explosion thermique. La trappe de visite s’est ouverte sous une pression de 15 à 20 bar puis la nourrice s’est déchirée. La dépressurisation de l’H2 sous forme d’onde de choc a causé les dommages constatés sur l’atelier.

Enfin, une mauvaise connaissance des propriétés de l’hydrure et l’absence d’analyse critique des procédés par l’application des procédures de modification et la prise en compte des incidents de production est également en cause.