Pollution
Humain
Environnement
Economique

Dans une usine de fabrication de polyéthylène, l’explosion d’un nuage inflammable (isobutane, éthylène, hexène et hydrogène) échappé d’un réacteur lors d’une maintenance tue 23 personnes, dans un rayon de 75 m, et fait 314 blessés dont 185 employés et 129 sous-traitants. Les dommages matériels sont considérables, les 2 unités polyéthylène couvrant une aire de 4 000 m² sont détruites, des débris sont retrouvés jusqu’à 10 km du lieu de l’explosion, les fenêtres des constructions situées dans un rayon de 2,5 km sont brisées, les maisons et bâtiments sont endommagés dans un périmètre de 6 à 7 km… Le montant des dégâts matériels internes, enlèvement des débris et coûts de réhabilitation sont évalués à 1 370 M€ (basé sur les indices de valeur à décembre 2019). L’explosion est équivalente à celle de 2,4 t de TNT et comparable à un tremblement de terre de 3,5 sur l’échelle de Richter.

De multiples autres explosions suivent (dont celles de 2 réservoirs d’isobutane). Les incendies ne sont sous contrôle qu’après 10 h d’intervention des secours compte-tenu des difficultés d’approvisionnement en eau. Le réseau incendie n’est pas distinct de celui des eaux procédés, détruit par l’explosion. La pression du réseau incendie était insuffisante et les vannes de sectionnement inaccessibles à cause des multiples incendies ; le feu ayant détruit les câbles électriques qui alimentent les pompes incendies, celles-ci sont restées inopérantes et sur les 3 pompes diesel de secours, l’une était hors-service et une seconde est tombée en panne sèche après 1 h de fonctionnement.

L’accident survient alors qu’une opération de maintenance, effectuée par une société sous-traitante spécialisée, a débuté depuis la veille : il s’agit de nettoyer des branches de décantation reliées au réacteur de fabrication en cours de fonctionnement. Ces branches permettent de récupérer les dépôts de polymère afin que ceux-ci n’encrassent pas le réacteur. Une procédure spécifique a été définie pour cette opération, précisant notamment qu’il faut isoler les branches par les robinets à tournant sphérique (actionnés par air comprimé) placés entre celles-ci et le réacteur.

L’enquête identifie un rejet de 40 t de gaz de procédé à l’atmosphère (99 % du contenu du réacteur) via une vanne d’isolement d’une branche de décantation restée ouverte, qui s’est enflammé dans un intervalle de 90 à 120 sec au contact d’une des multiples sources d’ignition présentes à proximité. L’ouverture de la vanne est due à l’inversion des connexions des tuyaux d’air comprimés l’actionnant (erreur antérieure à l’opération en cours) : le robinet était ouvert alors que l’actionneur en salle de commande indiquait qu’il était fermé. Néanmoins, les standards de sécurité imposent qu’en cas d’intervention sur un réacteur en fonctionnement, le dispositif d’isolement soit constitué d’une double vanne ou d’une bride fermée, ce que ne prévoyait pas la procédure d’intervention. L’atelier était dépourvu de détecteurs de gaz.