Pollution
Humain
Environnement
Economique

Dans une mine d’or à ciel ouvert, un chauffeur d’engin détecte peu avant minuit une fuite sur l’enceinte d’un bassin de décantation d’effluents de traitement du minerai ainsi qu’une fissuration dense vers la crête de l’ouvrage. Un chenal de dérivation vers la mine à ciel ouvert construit en urgence permet de confiner 1,3 millions de m³ de liquide. 2,9 Mm³ d’effluents comportant 25 à 30 mg/l de cyanures rejoignent la crique OMAI, 7 km en amont du confluent avec l’ESSEQUIBO utilisé par les 18 000 habitants de la ville de Bartica à l’aval pour la pêche et l’alimentation en eau. 400 poissons sont trouvés morts dans l’OMAI, mais aucun en aval du confluent. Les débits importants des cours d’eau diluent les effluents. Des teneurs en cyanure maximales de 0,15 mg/l dans l’OMAI et 0,07 mg/l dans l’ESSEQUIBO sont observées (la limite de qualité en France pour les eaux de consommation humaine est de 0,05 mg/l). La mine est fermée. Des réservoirs d’eau potable sont acheminés sur place par le gouvernement qui fait appel à l’aide internationale. Un expert de l’OMS est dépêché sur les lieux. Les cyanures n’étant pas bioaccumulables, les risques sanitaires majeurs semblent écartés. L’OMAI est dépolluée et la mine reste fermée 6 mois le temps de sécuriser le barrage rompu et d’édifier un nouveau barrage en amont.

Le 24/08, la fuite est colmatée et l’exploitant diffuse un communiqué de presse mentionnant un retour des teneurs en cyanure observées le 23/08 en deçà de 0,03 mg/l.

Le bassin de retenue inauguré en 1993 avait été construit en conformité avec les normes canadiennes de l’époque. Sa conception avait été approuvée par le Commonwealth Secretariat consulté par le gouvernement du Guyana. Lors de la rupture, le volume d’effluents stocké était huit fois supérieur au maximum prévu par l’étude d’impact environnemental, constituant l’unique plan d’exploitation de la mine.

Le mode de rupture constaté est inhabituel : le barrage n’a pas cédé, mais son coeur argileux s’est totalement fissuré, laissant s’écouler toute la phase liquide et une très faible fraction solide. Un comité d’examen mandaté par le gouvernement constate des défauts de conception et d’exécution :

  • La buse métallique en acier utilisée pour canaliser l’écoulement naturel pendant la construction du barrage a été remblayée sans disposition particulière pour empêcher les écoulements au voisinage de sa face extérieure. Elle a agi comme un drain traversant le barrage et le fragilisant.
  • Les matériaux mis en oeuvre en aval du coeur étanche du barrage ne respectaient pas les critères de filtre : le remplissage rocheux était trop grossier pour empêcher la migration du filtre en sable sous l’effet des écoulements internes. Le coeur a alors subi une érosion interne entraînant une perte de matériau estimée à 2% en masse.
  • Le remplissage rocheux était recouvert à l’aval d’un dépôt massif de stériles miniers solides et argileux de faible perméabilité et sans utilité structurelle.

L’érosion le long de la buse de construction a fini par entraîner une pénétration traversante du liquide retenu qui s’est accumulé dans le remplissage rocheux, entre le coeur du barrage et les stériles argileux étanches à l’aval. En présence d’eau, le filtre en sable sur lequel reposait le coeur s’est dispersé, créant une cavité. En l’absence de support, ce dernier soumis à des efforts de tension s’est fissuré.

Le barrage de remplacement est réalisé selon une méthode différente, à l’aide de matériaux argileux seulement, sans remplissage rocheux.

Le Vénézuela voisin revendiquant la souveraineté sur les 159 000 km² du territoire Essequibo critique le mode de gestion des concessions minières et forestières adopté par le gouvernement du Guyana.