Pollution
Humain
Environnement
Economique

Vers 1 h, dans une usine spécialisée dans la fabrication de phytosanitaires, une explosion se produit dans une chambre de sublimation. La porte de 560 kg est soufflée. Un feu se déclare suite à la projection de soufre hors de la chambre par l’effet de souffle. L’opérateur en poste déploie un RIA pour lutter contre les flammes. Appelés en renfort, 2 autres préviennent le directeur. Les eaux d’extinction sont confinées dans le bâtiment.

Le ballon de compensation de pression relié à la chambre impliquée a explosé. Une partie de la toiture ainsi que la porte d’une chambre de sublimation voisine de celle impliquée sont endommagées. Le process de fabrication de soufre solide est arrêté.

La chambre de sublimation, chauffée à 50 °C, permet de condenser des vapeurs de soufre, obtenues par évaporation à partir de soufre liquide dans un four électrique, pour former du soufre solide ou fleur de soufre. La teneur en oxygène doit rester inférieure à 8 % dans la chambre afin d’empêcher toute réaction entre le soufre et l’oxygène de l’air. Un inertage à l’azote par un automate programmable est donc réalisé et le taux d’oxygène est suivi en continu par un oxygénomètre. L’opérateur a la consigne de ne démarrer la fabrication que si le taux d’oxygène est bien inférieur à 8 % pendant l’inertage.

Quelques jours avant l’accident, l’exploitant avait arrêté le cycle de fabrication de soufre solide après avoir identifié un dysfonctionnement dans le process. La sonde de pression de soufre liquide dans le four présentait une valeur anormale. Cette sonde avait été remplacée et contrôlée avant redémarrage du four. Peu de temps avant l’explosion, une perte de communication avait été constatée sur le débitmètre et un remplissage anormal du four en soufre liquide avait été observé, avec perte d’affichage du niveau réel (hors gamme de la sonde de niveau).

L’exploitant émet plusieurs hypothèses pour expliquer l’explosion :

  • présence d’oxygène à un taux supérieur à 8 % qui, en présence de poussières de soufre, aurait amené le mélange dans son domaine d’explosivité ;
  • présence de polluants dans la matière première ayant mené au domaine d’explosivité malgré le respect du taux d’oxygène inférieur à 8 % (hypothèse non retenue).

Une présence intempestive d’oxygène pourrait être liée à :

  • un défaut sur le ballon de respiration (peu probable) ;
  • un défaut d’étanchéité dans la chambre (probable) ;
  • un défaut de fonctionnement des soupapes (peu probable).

L’inspection des installations classées constate que la fréquence de vérification de l’oxygénomètre n’était pas respectée. De plus, lors du dernier cycle de production avant l’explosion, l’opérateur en service n’avait pas rempli la fiche de contrôle devant tracer les actions de vérification (nettoyage oxygénomètre, suivi inertage, début de chauffe…).

Un arrêté de mesures d’urgence impose, préalablement au redémarrage, la vérification de l’intégrité et de la conformité des équipements potentiellement dégradés et la production d’un rapport d’accident avec analyse des causes et recherche de mesures pour éviter le renouvellement d’un événement similaire. L’étude de dangers du site est mise à jour sur la base du retour d’expérience de l’événement.

Une explosion est déjà survenue sur le site en 2013 (ARIA 44468).