Pollution
Humain
Environnement
Economique

L’acide méthacrylique est un produit corrosif, nocif et inflammable.

Non inhibé, il peut polymériser de manière violente et explosive (réaction exothermique).

Son point éclair est de 68 °C

Même dans son état inhibé, il est sensible à la chaleur et peut polymériser s’il est surchauffé.

La polymérisation peut aussi être causée par des substances oxydantes, la radiation solaire ou en cas de corrosion du contenant d’entreposage (présence d’ions métalliques).

Vers 18h30, un opérateur d’un site voisin aperçoit un dégagement de fumée sur le site d’une usine spécialisée dans le lavage de conteneurs et camions ayant contenu des produits chimiques. Il prévient l’astreinte qui prévient le directeur de l’entreprise voisine. Une citerne calorifugée de 24 000 l chargée en acide méthacrylique dégage des gaz irritants et du produit s’échappe à l’extérieur du conteneur sous forme de grandes bouffées de fumées blanches. Avec une température extérieure de 15 °C et au contact de l’air, le produit polymérise en retombant. De faibles coups de pression réguliers sortent du conteneur par la soupape de sécurité et des fumées se dégagent ponctuellement.

La température mesurée au niveau de la paroi du réservoir est de 140 °C et la pression de sécurité de la soupape est estimée à 4 bar.

Vers 20h30, le phénomène semble s’amplifier avec des lâchers de gaz plus importants pouvant potentiellement sortir du site. L’exploitant appelle les secours et prévient les autorités administratives. Un périmètre de sécurité est mis en place. Le personnel des sociétés voisines se confine.

L’intervention est difficile du fait du calorifugeage de la citerne et de la gestion des eaux d’extinction.

Le scénario d’intervention retenu pour refroidir le conteneur est d’utiliser le serpentin du conteneur en injectant de l’eau froide dans celui-ci en circuit ouvert. A 0h30, l’intervention est lancée. Le temps entre chaque ouverture de la soupape est compté pour évaluer l’évolution ou non du phénomène (entre 20 min et 30 min). Les pompiers installent un rideau d’eau et une lance pour limiter la dispersion du produit dans l’atmosphère. Le réseau d’égout est confiné et les effluents liquides sont récupérés sur le site.

L’expertise de la cellule d’appui aux situations d’urgence de l’INERIS et du réseau de dispositif d’entraide pour la gestion des accidents TMD est sollicitée. Des mesures d’explosimétrie, température et COV sont régulièrement réalisées.

Le lendemain, la température de la paroi de la citerne atteint 72 °C à 8 h, puis 55 °C à 10 h. En refroidissant, le produit se polymérise au fur et à mesure de sa sortie par la soupape, formant une importante couche à la surface du réservoir. Un panache continu de vapeurs persiste. Les polymères pourraient empêcher les vapeurs restantes de sortir par la soupape, provoquant une montée en pression avec risque de rupture pneumatique suivie de feu. Une tentative d’extraction d’une partie du polymère au niveau du dôme à l’aide d’une lance pour dégager la soupape est effectuée sans succès, le polymère étant très dur.

Le surlendemain, une partie de calorifugeage est dégarnie pour permettre une meilleure dissipation de la température. Le sol est nettoyé. Les pompiers quittent le site vers 18 h. Seul un léger panache de fumée persiste. L’exploitant poursuit la surveillance. 2 t de produit ont été relâchées.

Le 3ème jour au soir, les émissions sont stoppées et la température intérieure de la citerne étant inférieure à 50 °C permet la manipulation du réservoir. La citerne est déplacée dans une zone isolée et placée sous une structure en échafaudage couverte de toile pour éviter le contact avec les eaux pluviales. Les déchets de polymère et les eaux de lavage du conteneur sont traités par incinération. L’activité de réchauffage reprend à l’exception des conteneurs contenant des produits dangereux.

Le réchauffage de la citerne était en cours au moment des faits. Une surchauffe du réservoir, liée à une erreur de manipulation, est à l’origine de la fuite. Un opérateur a introduit de la vapeur au lieu d’introduire de l’eau chaude dans le circuit de réchauffage (erreur de branchement du flexible, facilitée par l’absence de différenciation visuelle entre les 2). La pression est alors montée dans la citerne, engendrant le relargage du produit après ouverture de la soupape de sécurité tarée à 4 bar.

Pour éviter le renouvellement de l’accident, l’exploitant modifie la procédure de réchauffage et forme tous les employés. Préalablement à chaque réchauffage, une sonde de température est insérée dans le conteneur. Le réchauffage ne peut être initié avant que l’opérateur ait rentré dans la console le produit réchauffé et les seuils de température à atteindre et à ne pas dépasser. Les températures cibles, fournies par les clients, font l’objet d’une vérification de cohérence avec la FDS. En cas de dépassement d’un seuil, un salarié est averti et a la possibilité de couper le chauffage à distance. En cas de défaut de l’automate de réchauffage, de panne de chaudière ou de panne électrique, le réchauffage se coupe automatiquement et ne peut redémarrer sans acquittement local. La température des produits réchauffés est relevée 3 fois par jour et les sondes de température sont contrôlées tous les 6 mois.

Par ailleurs, l’exploitant met en place un code couleur pour différencier les circuits vapeur et eau. Il met en place un double contrôle le vendredi soir par un opérateur d’astreinte et un chef d’équipe.

Un rejet toxique a déjà eu lieu sur le site en 2009 (ARIA 36104).