Pollution
Humain
Environnement
Economique

Vers 12h20, dans un centre de traitement de déchets dangereux, un détecteur multi-gaz se déclenche à la suite d’une réaction exothermique dans le local de transvasement. Un chimiste et le responsable du site constatent un important dégagement de fumées à partir d’une cuve servant au regroupement de déchets liquides. Ils refroidissent la cuve à l’aide de RIA depuis l’extérieur. La fumée s’épaissit et devient jaune/verte. Les équipes interviennent sous masque ventilé. A 12h27, une déflagration éventre la cuve. L’exploitant déclenche le POI et fait évacuer le personnel. Les pompiers prennent le relais de l’intervention à 12h45. Des relevés, au moyen de caméra thermique, révèlent une température à 40 °C dans la cuve. La CMIC relève des concentrations de 1,5 ppm en chlore au sein du local de transvasement et de 0,7 ppm dans la zone de rétention sous le local. La réaction chimique est arrêtée. La température baisse, ainsi que les valeurs de chlore relevées dans l’air ambiant. L’émission de fumée cesse. Les secours quittent le site vers 14h30.

A proximité de la cuve lors de la déflagration, le chimiste, légèrement blessé, est transporté à l’hôpital pour examen, puis reconduit sur le site vers 16h30. Les 5 m³ d’eaux souillées liées au lavage des fumées, ainsi que les produits écoulés, sont récupérés dans des rétentions, puis pompés vers une cuve pour destruction. Les zones impactées sont nettoyées. Des échantillons des effluents et de la boue présente dans la cuve éventrée sont analysés. L’utilisation des RIA pour refroidir la cuve permet d’abattre les fumées potentiellement chlorées.

Une erreur de manipulation est à l’origine de la réaction exothermique qui a conduit à la déflagration. Un opérateur a versé 8 à 9 bidons de 30 l de chlorite de soude à 25 % (comburant) dans une cuve de 1 m³ contenant une substance organique (vernis ou encre). Le transvasement s’est terminé vers 11h30. Au bout de 50 min, le chlorite de sodium a réagi violemment au contact de cette substance avec dégagement de dichlore. Le chlorite de soude n’avait pas été identifié en tant que substance comburante au cours des tests d’identification sur le site du client et sur la plateforme de traitement de déchets. Il avait été classé en tant que base minérale liquide. Le produit est peu fréquemment reçu pour traitement. L’opérateur, intérimaire, sortait de sa période de formation/accompagnement, réalisée de manière accélérée en raison des départs successifs de plusieurs chimistes titulaires. L’évènement est survenu pendant la pause déjeuner d’une partie du personnel, qui plus est pendant une période où une part des effectifs était en congés (semaine entre noël et le jour de l’an). L’exploitant indique qu’il n’était cependant pas en mode dégradé.

Le préfet prend un AP d’urgence pour imposer l’analyse des causes de l’accident, ainsi que le réexamen de l’étude de dangers (caractérisation des scénarios toxiques) et des mesures de maîtrises des risques.

L’exploitant envisage la mise en place :

  • d’un système d’extraction des fumées en cas d’urgence (avec asservissement à la détection) ;
  • d’un système automatique d’abattage des fumées par brumisation ;
  • d’un détecteur multigaz fixe dans la zone de transvasement, avec report d’alarme (lumineux + sonore).

Par ailleurs, il :

  • analyse les raisons de l’inefficacité du test de caractérisation des comburants et modifie ce test : en complément des tests papier pH et papier KI existants, un test peroxydes sera réalisé sur la bases pour détecter les chlorites ;
  • rédige une consigne concernant le transvasement de bases minérales : celui-ci devra obligatoirement se faire dans une cuve propre et neuve et non pas dans une cuve de réemploi. Tout déconditionnement devra être réalisé par un chimiste et supervisé par un chimiste titulaire ;
  • renforce le temps de tutorat des nouveaux arrivants avec mise en place de contrôle de l’efficacité de la formation ;
  • met en place des exercices mensuels de mise en situation d’urgence.

Plusieurs accidents probablement liés à des mélanges incompatibles sont déjà survenus sur ce site en 2017 et 2018 (ARIA 50866, 50867, 51928).