Pollution
Humain
Environnement
Economique

Vers 17 h, dans une usine pyrotechnique, une détonation se produit lors d’un transfert de poudre en grain pour armes à base de nitrocellulose en phase entre des réservoirs. L’explosion implique une pompe de transfert (pompe centrifuge) et les tuyauteries situées en aval. La détonation entraîne la déchirure de 2 réservoirs situés à proximité de la pompe. Leur contenu se répand au sol. D’autres réservoirs et le réseau de tuyauteries sont sérieusement endommagés par les projections issues de la détonation et par l’onde de choc. L’explosion entraine également un départ de feu au niveau d’un stockage de poudre sèche.

Entre 10 et 30 kg de poudre en grain à base de nitrocellulose ont détonné. L’accident fait 1 blessé léger. Le bâtiment est détruit (seule la structure métallique a tenu). Des débris sont retrouvés dans un rayon de 50 à 70 m. Des fenêtres sont brisées dans un rayon de 100 à 150 m. Les équipes d’intervention internes, rejointes par les pompiers, interviennent. 6 t de granules de poudre, mélangées à des débris, sont répandues au sol et 18 t sont contenues dans des réservoirs verticaux. En raison des risques d’incendie et d’explosion, les pompiers internes procèdent à un arrosage sans interruption pour maintenir humide la poudre répandue au sol. Les réservoirs verticaux sont remplis d’eau. Dans un 2ème temps, la collecte des résidus de poudre au sol est réalisée, de manière très progressive par le personnel du site, et les réservoirs sont vidangés. Pendant les phases les plus critiques de ces opérations, la population riveraine est évacuée dans un périmètre de 350 m autour du site. Les opérations de nettoyage et de sécurisation du site prendront plus de 3 mois. Le bâtiment a été ensuite démantelé en collaboration avec une société spécialisée dans le démantèlement d’installations pyrotechniques. Les dommages matériels se chiffrent à 2,5 M€. L’usine est à l’arrêt durant 6 mois.

L’explosion a eu lieu dans le bâtiment dédié au procédé humide (les opérations de fabrication ont lieu en milieu aqueux, par opposition au procédé sec où les poudres sont séchées et manipulées à sec avant emballage). Les granulés de poudres à base de nitrocellulose sont stockés dans des réservoirs remplis d’eau. Ils  sont transférés, via une pompe centrifuge, vers un pycnomètre afin d’être pesés puis sont pompés vers des réservoirs de mélange où de la nitrocellulose sous forme de coton-poudre est ajoutée. Un problème technique au niveau de la pompe serait à l’origine de l’accident. Ainsi, la perte de la fonction d’amorçage de la pompe (effet vortex dans le réservoir en amont de la pompe ayant conduit à une entrée d’air puis à une perte d’amorçage) aurait bloqué le flux de liquide et aurait conduit des granules de poudre à entrer en contact avec l’air et donc à sécher. La poudre sèche coincée derrière le rotor de la pompe serait montée en température, se serait enflammée et aurait transité en détonation dans la chambre de pompage. La détonation se serait ensuite propagée à la colonne de poudre humide située au-dessus de la pompe. En effet, bien qu’extrêmement moins sensible que la poudre sèche, la mise en détonation de poudre ou de nitrocellulose humide (jusqu’à 80 % d’eau en masse) est toutefois possible en cas d’apport d’énergie considérable, sous forme d’une onde de choc générée par une autre détonation à proximité.

Suite à l’accident, l’exploitant procède au remplacement de 40 pompes centrifuges électriques par des pompes Venturi. Ce type de pompe permet la réduction des frottements et le maintien en permanence du produit transporté en milieu humide, le fluide moteur étant de l’eau.

Le site a déjà connu un accident mortel en mars 2013 (ARIA 45068).