Pollution
Humain
Environnement
Economique

Vers 9h40, sur un champ de tir appartenant à une société de fabrication et stockage d’explosifs, et loué pour l’occasion à une société tierce spécialisée en dépollution pyrotechnique, une déflagration se produit lors d’une opération de décontamination pyrotechnique réalisée par cette-dernière. L’opération consiste en la décontamination par découpage progressif d’un bloc de béton, dont le propriétaire (une société implantée dans le Sud de la France) suspectait la présence à l’intérieur de produits potentiellement explosifs (de l’ordre de 800 g d’équivalent TNT) et d’autres agents chimiques dangereux (dont de la poudre de béryllium). La déflagration soulève une tranche du bloc béton de 50 cm qui venait d’être découpée. Des poussières de béton et des éléments mécaniques sont projetés. Un opérateur donne l’alerte. Le bloc est arrosé.

Un des 6 opérateurs présents sur les lieux présente des signes d’irritation au niveau de la joue. Le propriétaire contacte le centre antipoison pour obtenir un appui sur la gestion des risques liés à la poudre de béryllium. A la demande du propriétaire du champ de tir, il est décidé avant toute nouvelle intervention d’observer le site à distance à l’aide d’un drone afin de vérifier l’état de la zone et la présence éventuelle de produits résiduels dans le bloc. Vers 16 h, les images du drone confirment la présence de produits dans le bloc. Une société spécialisée en risque chimique est sollicitée pour traiter l’éventuelle pollution chimique.

Le bloc de béton de 7 m³ et 22 t, coulé dans les années 1970, avait été transféré sur le champ de tir loué par la société de dépollution pyrotechnique en vue de son démantèlement. Cette opération consistait à découper le bloc par tranches successives de 10 cm après inspection préalable de chaque tranche par radar géologique pour s’assurer de l’absence de cavité ou de corps étranger dans le plan de découpe.

Les travaux réalisés par la société de dépollution pyrotechnique avaient commencé 2 jours plus tôt. Les découpes du bloc de béton avaient démarré après les premiers contrôles par radar géologique afin de vérifier l’absence de cavité. Le jour de l’accident, vers 8h30, la société avait repris la découpe du bloc. Arrivés aux 3/4 de la découpe à distance d’une tranche, les opérateurs observent un nuage blanc et une flamme. La découpe est interrompue. Après 10 minutes d’attente, la découpe de la tranche reprend. A 9h43, lors de l’opération visant à faire tomber la tranche du bloc de béton découpée en le poussant à l’aide d’un chariot élévateur, la déflagration a lieu. Ce phénomène serait dû à une réaction des produits présents dans une cavité creuse non détectée par la société lors du contrôle préalable à la découpe. Cette réaction pourrait être liée à une sollicitation mécanique (choc, frottement, échauffement, …), à une réaction avec de l’eau ou à un contact entre les produits et l’air ambiant.

L’enquête conduite par les responsables de la société spécialisée en dépollution pyrotechnique, sous le contrôle de la société propriétaire du champ de tir, révèle que l’équipe d’intervention a transgressé plusieurs éléments de la procédure prédéfinie de démantèlement du bloc de béton :

  • non-respect de l’épaisseur de tranche découpée (50 cm au lieu de 10 cm) ;
  • absence d’arrêt complet des activités suite à la survenue d’une situation dégradée.

Cette procédure de démantèlement avait pourtant été détaillée dans les documents de sécurité élaborés par la société de dépollution pyrotechnique et préalablement approuvés par l’administration.