Pollution
Humain
Environnement
Economique

Vers 3h30, une fuite d’acide sulfurique concentré (très corrosif) se produit au niveau de la génératrice inférieure d’un camion-citerne de 20 m³ au cœur d’une raffinerie. La fuite se matérialise par un filet liquide verdâtre continu. Les personnels de la raffinerie et d’un site voisin sont confinés. Le POI est activé à 4h40, puis le PPI à 9h35 par la préfecture. Un périmètre de sécurité de 50 m est mis en place autour de la citerne. À 250 m de la citerne, la circulation sur la ligne ferroviaire qui traverse la raffinerie est interrompue. Les plans de mise en sécurité de 2 écoles de la commune sont déclenchés. Les secours internes et externes stationnent la citerne sur une zone de dépotage sur rétention. Le débit de fuite d’acide est estimé à 1 m³/h. Un merlon de terre est réalisé pour confiner la pollution. Une réaction exothermique est observée sur la citerne avec une température de 120 °C. Le réservoir est dépoté par gravité vers une seconde citerne. Des pompes sont mises en œuvre pour achever le transfert. La seconde citerne est éloignée des installations et de la voie ferrée. La circulation reprend à 14h30. À 16h30, le PPI est désactivé.

La seconde citerne est placée, à 1,4 km, sur une zone de rétention de 36 m³. La température de l’acide qu’elle contient est de 90 °C à 14 h. Sa concentration a diminué de moitié. L’option de neutralisation au carbonate, envisagée dans un 1er temps, n’est pas retenue en raison du risque de non-maitrise de la réaction. Le lendemain, la température du produit reste stable entre 60 et 70 °C. Cette seconde citerne est dépotée vers une 3ème, spécialement conçue pour le transport de produits très corrosif (acides dilués). Cette opération s’achève le lendemain à 5 h.

Issue de la mauvaise gestion d’une fuite sur réservoir

La dérive d’une situation dangereuse est à l’origine de l’accident. 2 jours auparavant, une fuite est détectée au niveau de la vanne de purge d’un réservoir contenant 18 m³ d’acide sulfurique à 96 %, à 1 t/h. Un déséquilibre de serrage des vis du chapeau de cette vanne conduit à l’effacement partiel du joint. La boulonnerie s’est corrodée au contact de l’acide. La cellule de crise est activée à 7h30.  L’exploitant met en place un rideau d’eau pour se prémunir d’une dispersion. L’exploitant décide de pomper l’acide mis en contact avec l’eau vers la citerne qui subira la fuite au niveau de sa génératrice inférieure. De nombreuses difficultés sont rencontrées au cours de cette opération :

  • impossibilité d’isoler la fuite ;
  • échec du pompage direct depuis le réservoir ;
  • casse de matériel de transfert.

Le service sécurité relève de nombreux signaux d’alerte non pris en compte : présence de fumerolles et de vapeurs au niveau de la cuvette, hausse de la température du produit de 20 °C, fuite de couleur verdâtre au refoulement de la pompe utilisée pour le transfert, dégagement de vapeur au niveau des trous d’homme de la citerne. L’opération s’achève à 18h30, la veille de la fuite sur la citerne. Les risques de réaction incontrôlée et de corrosion de la citerne ne sont pas identifiés : aucune surveillance spécifique n’est mise en place.

Des défauts d’étanchéité sur les tuyauteries reliant les rétentions du réservoir d’acide sulfurique et l’aire de dépotage de la citerne à la fosse de neutralisation sont détectées. Des dépassements de la valeur limite d’émission (VLE) en matières en suspension (40 mg/l pour une VLE fixée à 30 mg/l) sont mesurés pendant 3 jours en sortie de la STEP du site. Un suivi trimestriel des eaux souterraines en aval hydrogéologique des installations est mis en place.

Le préfet met l’exploitant en demeure de démontrer que la conception des installations et leur fonctionnement intègrent le risque d’incompatibilité entre les produits et entre ceux-ci et l’environnement.

Plan d’actions mis en œuvre

L’exploitant procède :

  • au remplacement de la vanne de purge du réservoir d’acide sulfurique et à la révision du plan de maintenance de l’ensemble des vannes potentiellement en contact avec des acides similaires ;
  • à la réfection des tuyauteries entre les rétentions et la fosse de neutralisation ;
  • au renforcement des connaissances de son personnel sur les risques de corrosion liés aux acides ainsi qu’aux risques d’incompatibilité avec l’eau ;
  • à l’identification des citernes à utiliser, fonction de la compatibilité de leurs matériaux avec le titre acide des produits.