Pollution
Humain
Environnement
Economique

Vers 11 h, dans une usine chimique, un dégagement de vapeurs blanchâtres et odorantes se produit au niveau de la station de traitement des eaux. Le panache blanc est visible de l’extérieur du site. L’exploitant déclenche le POI et arrête l’installation, ce qui permet de stopper le dégagement de vapeurs. Les 40 employés sont confinés jusqu’à midi. Les riverains et les autorités sont alertés. Les mesures d’émissions dans l’air s’avèrent nulles sur les toximètres chlore, ammoniac et acide chlorhydrique. Les analyses des eaux dans le canal de rejet se révèlent normales. L’exploitant reprend partiellement ses activités vers midi après validation des secours, mais la STEP n’est pas redémarrée. Le POI est levé à 16 h.

Analyse des causes :

Le dégagement est liée à un apport de produit javellisé trop concentré dans le réseau des eaux de lavage depuis la zone de travail de chimie minérale basique (CMB) vers la station de neutralisation. Des résidus de cuves et d’emballages contenant de la javel concentrée ont été envoyés sur la station de neutralisation. Une vanne pneumatique de la zone de lavage était restée ouverte.

Dans la station de traitement des effluents, la neutralisation est effectuée grâce à l’ajout de bisulfite de sodium, adapté pour des faibles concentrations. L’envoi de javel a entraîné un ajout important de bisulfite de sodium, régulé par une sonde Redox. Cette sonde est moins réactive en milieu basique qu’en pH neutre. Elle régule à la fois l’injection de bisulfite et l’arrêt de la pompe de transfert du bassin de neutralisation vers un bassin de 70 m³. Le seuil de la pompe d’injection de bisulfite est plus bas que celui de l’arrêt de la pompe. Par conséquent, du bisulfite a été injecté dans le bassin de neutralisation alors que la pompe de transfert était en fonctionnement. La solubilisation n’ayant pas eu le temps de s’effectuer, un mélange javel/bisulfite de sodium s’est retrouvé dans le bassin de 70 m³. Le bullage de ce bassin s’est mis en route, favorisant la réaction entre les 2 produits et le dégagement d’un nuage blanchâtre de dérivés chlorés avec une odeur âcre mais pas toxique. De plus, la présence d’un pH acide dans ce bassin a amplifié le phénomène.

La procédure de conditionnement prévoit que l’opérateur doit alerter son chef d’équipe en cas de résidus dans les contenants afin de déterminer la qualité de l’effluent et définir la possibilité de recycler le résidu ou le détruire. L’inertie de la sonde RedOx est à l’origine de l’envoi du mélange réactionnel dans le bassin de 70 m³. Le mélange incompatible bisulfite de sodium / eau de javel n’est pas décrit dans l’étude de dangers.

Actions correctives proposées et mises en place par l’exploitant :

  • mise au même seuil de déclenchement de l’injection de bisulfite et du transfert vers le bassin de 70 m³ et mise en place d’une alarme ;
  • diminution de la fréquence d’injection de bisulfite pour éviter l’apport trop important ;
  • nettoyage complet du bassin de 70 m³ et du bassin de réduction des effluents ;
  • mesure temporaire avant la mise en place d’un système automatique d’asservissement de la vanne de vidange à une sonde RedOx : consignation de la vanne et pompage des effluents dans des GRV pour analyse avant envoi à la station de neutralisation, accompagné d’une procédure de travail.

L’inspection des installations classées autorise le redémarrage de la station 3 jours après l’incident. Elle demande à l’exploitant d’intégrer les scénarios pouvant mener à un mélange incompatible dans son étude de dangers, en intégrant également le REX disponible sur la base ARIA. Elle lui demande de s’assurer que le REX de cet événement est pris en compte par les autres sites du groupe.