Pollution
Humain
Environnement
Economique

L’épichlorhydrine est un produit toxique, inflammable et très réactif. Cette substance est utilisée pour fabriquer un réactif permettant de modifier la fécule de pomme de terre. Elle est stockée dans 2 cuves de 80 et 45 m³, sous atmosphère inerte. Le dépotage s’effectue sous pression d’azote vers la cuve de réception dont la soupape est ouverte vers une tour de lavage des gaz. La zone de stockage et de dépotage, dépourvue d’équipements électriques, est équipée de rampes d’arrosage pour abattre les vapeurs en cas de dépotage accidentel à l’air libre, début d’incendie ou refroidissement des stockages si nécessaire (élévation de température).

Lors du dépotage d’un camion d’épichlorhydrine, un déversement accidentel se produit vers 10h50 dans une usine de produits amylacés. Les capteurs placés au-dessus de la citerne du camion détectent la fuite, provoquant la fermeture immédiate de la vanne de dépotage et celle d’arrivée d’azote mettant en pression la citerne pour le transfert. L’arrosage de la zone se déclenche. Compte-tenu de la surpression résiduelle dans la citerne, la fuite perdure. Un employé stoppe celle-ci au bout de 40 min.

Les 200 m³ d’eau d’arrosage utilisée sont dirigés vers un bassin de 1 500 m³. Ce dernier contient 1 000 m³ d’eau chargée à 800 ppm d’épichlorhydrine, soit 1 000 à 1 200 kg de substance. L’exploitant met en place une attaque à la soude (4,5 m³ au total) pour dégrader l’épichlorhydrine et obtenir de la glycérine pouvant être traitée en STEP. La concentration baisse progressivement. Le 16/03, à 6 h, elle est de 290 ppm. Une personne ayant signalé une légère odeur au niveau du bassin, un périmètre de sécurité de 50 m est créé pour en interdire l’accès. Un capteur mesurant la concentration en épichlorhydrine est installé au bord du bassin. Le 19/03, la concentration est descendue à 40 ppm. Le bassin continue de se remplir à la suite des arrosages de la zone épichlorhydrine. Le trop-plein est envoyé dans le second bassin de décantation de la STEP dont le volume est de 3 000 m³. Le 22/03, la concentration est de 8 ppm dans le 1er bassin et de 30 ppm dans le second (pas d’agitation, ni traitement à la soude). Le périmètre de sécurité autour du 1er bassin est levé le 23/03.

Le déversement d’épichlorhydrine est dû à un joint défectueux sur le camion-citerne. Le montant des dommages est évalué à plus de 50 k€.

Un prestataire spécialisé évacue et traite les eaux polluées. Le coût estimé pour 3 000 m³ est de 750 k€. Le 3/04, un point est réalisé avec l’inspection des installations classées : le 1er bassin ne contient plus d’épichlorhydrine depuis le 23/03, le pH reste élevé. Cependant, le 28/03, un laboratoire externe mesure une concentration de 24 ppm de glycidol (sous-produit de réaction) et des traces d’épichlorhydrine. Le bassin reste confiné. L’exploitant élabore une stratégie d’action. Le second bassin ne contient aucune des 2 substances. Collectant les eaux de pluies, il est presque plein. L’exploitant envoie son contenu vers la STEP. Des analyses sont prévues sur les différents bassins et en sortie de STEP.

L’exploitant transmet à l’inspection :

  • le protocole de vidange du second bassin ;
  • le suivi journalier des volumes envoyés en traitement puis rejetés dans la SOMME, accompagné des résultats d’analyse ;
  • le plan d’action actualisé ;
  • les mesures préventives mises en place avec le fournisseur d’épichlorhydrine.

Par ailleurs, l’exploitant doit informer l’inspection des suites données aux eaux polluées du 1er bassin toujours confinées et mettre à jour son étude de dangers en tenant compte du retour d’expérience de cet accident, notamment sur la gestion des eaux polluées.