Pollution
Humain
Environnement
Economique

Un dimanche vers 9h15, un agent d’une station d’épuration aperçoit une fumée jaune/orange au droit de cuves de stockage permettant de réduire la production d’H2S. Le personnel présent est confiné. L’astreinte et les services de secours sont appelés. La route centrale du site, ainsi qu’une route en bordure sont fermées à la circulation. Au vu de la couleur du nuage, l’exploitant et les secours pensent qu’il est constitué de dioxyde d’azote. Vers 14h20, la réaction est identifiée. C’est le mélange de 2 produits dans une cuve qui est à l’origine du phénomène. L’ouverture d’une trappe pour récupérer un échantillon génère un nuage orange important. Des relevés toxicologiques permettent d’écarter tout risque pour la population et pour l’environnement. Les secours vidangent le réservoir. Ces opérations s’avèrent délicates à cause de la présence de ce gaz.

L’opération se termine par atteinte d’un point bas de vidange le lendemain à 11 h. L’exploitant prépare alors les installations de traitement du ciel gazeux de la cuve, composé de vapeurs nitreuses (NO2) et de chlore. La phase vapeur est envoyée vers une colonne d’absorption au charbon actif. Le reste de la phase liquide (3 cm) est rincé et pompé 5 jours après le début de l’évènement. Une société prend en charge le produit pour l’éliminer. L’installation est neutralisée. Un contrôle des 2 cuves voisines montre la présence de fer en présence d’un pH acide. L’exploitant vidange et nettoie ces 2 cuves. Les résidus sont éliminés en filière dédiée. Un diagnostic des dommages subis est réalisé pour permettre le redémarrage de ces installations.

Le 15 mars, les opérations en cours sont stoppées après la détection d’acide cyanhydrique (HCN) dans la cuve à l’origine de l’incident. La purification du ciel gazeux par passage sur charbon actif est effectuée. Des mesures sont effectuées démontrant l’absence d’HCN au sein des 2 cuves voisines, ainsi qu’au-dessus des cuves. Les opérations sont reprises jusqu’à leur terme.

Une réaction imprévue :

L’exploitant a décidé en 2013 d’utiliser un 2ème produit d’injection (fer mixte) en solution alternative à l’utilisation du nitrate de calcium utilisé jusque-là pour neutraliser l’H2S des effluents.

Le mélange de ces 2 produits a donné un précipité noir et visqueux sans production de gaz, réaction jusque-là inconnue dans la littérature. Ce mélange, composé de 44 m³ de fer mixte (FeCl2 à 66 %, FeCl3 à 33 %, HCl à 1 %) et de 22 m³ de nitrate de calcium (CaNO3) se trouvait dans une cuve non prévue à cet effet pendant plusieurs jours. L’exploitant réalise des tests en laboratoire pour comprendre la réaction. Ces tests permettent de mettre en évidence le démarrage d’une réaction exothermique au bout de 72 h qui conduit à l’émission de vapeurs nitreuses.

Suite à l’évènement, l’exploitant revoit la gestion des situations d’urgence et audite les zones potentielles ou 2 produits peuvent être mis en contact.

En amont de l’évènement :

Des problèmes de pompes et de bouchage de tuyauteries sont constatés une dizaine de jours avant l’évènement au niveau de la station d’injection. Après plusieurs opérations de maintenance et de réparation, les pompes sont rendues opérationnelles. Une vanne de maillage en écart de position par rapport à la consigne est remise en position conforme et est verrouillée. Le débouchage des tuyauteries permet de retirer une substance ayant l’aspect du bitume. Quelques jours après, la fumée jaune/orange est aperçue par un opérateur.

Trois causes organisationnelles peuvent être relevées :

  • des tests de mélange de ces 2 produits réalisés sur une période trop courte ;
  • absence d’attitude interrogative lors du débouchage des tuyauteries ;
  • défaut de lignage.