Pollution
Humain
Environnement
Economique

A 11 h, lors de l’intervention d’un sous-traitant sur un extracteur d’huile à l’arrêt, une explosion, suivie d’un incendie, se produit dans le bâtiment d’extraction d’huile de colza par de l’hexane d’une usine spécialisée dans la fabrication d’huile alimentaire. Une épaisse colonne de fumée noire est visible dans la ville. La déflagration est entendue à plusieurs centaines de mètres. Le POI est déclenché à 11h20. L’exploitant stoppe vers 11h30 l’alimentation du bâtiment en hexane reliée à une cuve enterrée de 60 m³ chargée à 43 m³. A l’arrivée des secours, le bâtiment de 5 étages est embrasé. Un périmètre de sécurité de 300 m est mis en place et 7 pavillons évacués. La route à proximité est fermée à la circulation. L’électricité est coupée autour du site jusqu’à 17 h. Après 3 h d’intervention, les pompiers maîtrisent l’incendie à l’aide de lances canon à mousse. Les foyers résiduels sont éteints à l’eau. L’extracteur est refroidi à l’aide de 4 lances, mais les foyers dans celui-ci restent inaccessibles. Les pompiers laissent brûler les derniers résidus sous contrôle. Les cuves de liquides inflammables présentes dans le bâtiment (hexane et effluents) n’ont pas été dégradées. Un gardiennage du site est mis en place pour le week-end. L’incendie est déclaré éteint le lendemain vers 17 h.

Les 2 techniciens de maintenance intervenant sur l’extracteur sont retrouvés morts, 2 autres sous-traitants sont choqués et 7 employés sont blessés ou en état de choc. Les eaux d’extinction sont retenues dans les réseaux et les caves de l’établissement. Une société spécialisée pompe 180 m³ d’eaux polluées tandis que l’extracteur est lessivé à la lance pour en extraire le colza. L’ensemble des stocks de matières premières et de produits finis (6 229 t de colza, 800 t d’huile et 180 t de tourteau en vrac) est évacué. Le bâtiment a subi de gros dommages : toiture soufflée, vitres projetées, le gros œuvre du bâti est endommagé (béton effrité sous l’effet de la chaleur). Plus de 80 % des équipements d’extraction sont détruits. Aucun dommage n’est relevé sur les bâtiments et installations voisines du bâtiment accidenté.

La veille de l’explosion, un bourrage des écailles dans l’extracteur avait été constaté. L’extracteur avait été arrêté pour permettre le débourrage par un sous-traitant. Au moment de l’explosion, un des sous-traitants, équipé d’appareil respiratoire compte tenu de la présence de vapeurs d’hexane résiduel, intervenait dans l’extracteur pour aspirer la matière avec un tuyau relié à un camion hydrocureur.

L’inspection des installations classées propose un arrêté de mesures d’urgence visant à assurer le dépotage du circuit hexane et des capacités de liquides inflammables du bâtiment, le contrôle des canalisations de gaz, la surveillance des cellules de stockage verticale pour le risque courant d’auto-échauffement et l’élimination des eaux d’extinction incendie (300 m³).

Lors de sa visite du 26/04, l’IIC constate que le circuit hexane a été vidangé vers une cuve enterrée. La vidange de la cuve est prévue par pompage au niveau du trou d’homme. Le réseau de canalisations de gaz vérifié par un organisme spécialisé permet le redémarrage de la chaudière. L’inspection considère qu’il subsiste un risque d’échauffement des résidus présents. Cependant, il y a peu de matière combustible et une présence est assurée en permanence. Des rondes journalières sont organisées.

Une enquête judiciaire est ouverte 6 jours après l’explosion. L’exploitant et le sous-traitant sont mis en examen le 24/07 avec pour motif : “homicide involontaire par violation manifestement délibérée d’une obligation particulière de prudence et de sécurité”.

Selon la presse, le site à l’arrêt depuis l’accident devrait voir son activité relancée avec une nouvelle unité de production de protéines de colza destinées à l’alimentation humaine (lait, steaks, barres vitaminées). La production devrait démarrer fin 2021.