Pollution
Humain
Environnement
Economique

A partir de 7h13, la pression passe de 4 mbar à 80 mbar en 1 h dans la double membrane d’un digesteur sur une installation de méthanisation. Alerté vers 7h30 grâce au système de contrôle à distance, le responsable du site demande au technicien d’exploitation d’intervenir. A 8h15, cette membrane éclate. Deux des cornières de fixation sont arrachées et emportent des morceaux de voile de béton. En étant éjectée, une des cornières perce la citerne souple de stockage de digestat liquide et le contenu se déverse. L’exploitant ferme la vanne de rétention du réseau d’eaux pluviales. La citerne est mise sur rétention et le digestat est pompé. Une entreprise cure les réseaux, 3 à 4 m³ de digestat liquide très peu chargé (2,5 % de matière sèche) polluent les eaux pluviales. Plusieurs équipements sont endommagés. Les dommages matériels s’élèvent à 70 000 €. La remise en état du site engendre des pertes d’exploitation pendant 1 mois, soit l’équivalent de 150 000 €.

Les causes de l’accident

Au moment de l’incident, l’installation était en fin de phase de montée en puissance. La charge nominale venait d’être atteinte. Le digesteur n’était plus alimenté depuis 1 h, comme anticipé par la programmation des alimentations de la journée. L’éclatement est dû à une émulsion de matière, probablement à cause d’une surcharge organique. La matière émulsionnée dans le digesteur a débordé dans la cuve tampon de digestat brut via la canalisation de biogaz reliant les 2 cuves. Vers 3 h, l’alarme niveau haut de la cuve tampon de digestat brut s’est déclenchée. Toutes les voies d’évacuation du gaz se sont bouchées, causant la défaillance des équipements de sécurité (torchère et soupapes de sécurité). Les alarmes de surpression au niveau de la cuve tampon du digestat brut, puis au niveau du digesteur se sont déclenchées à 7h15 et 7h36. En revanche, l’alarme de niveau haut dans le digesteur ne s’est pas déclenchée. La production de gaz à l’intérieur a induit une montée en pression dans la membrane pour aboutir à son éclatement à 8h15.

Scénario non envisagé par le constructeur

Le constructeur n’avait pas envisagé ce scénario de danger, que ce soit dans le choix des équipements de sécurité (soupapes non adaptées à la formation de mousse), dans la conception du contrôle commande qui ne prévoit pas l’évacuation de matière lors du déclenchement de l’alarme niveau haut de la cuve tampon de digestat brut, ainsi qu’au niveau des instructions opérationnelles transmises. D’autres causes ont également joué un rôle comme la sonde de niveau haut du digesteur mal branchée ou le non report des alarmes du système de supervision.

Mesures mises en place par l’exploitant

Suite à l’accident, l’exploitant :

  • asservit la pompe de vidange de la cuve tampon à l’atteinte du niveau haut dans cette cuve ;
  • installe de nouvelles soupapes de sécurité pour réguler automatiquement le niveau de liquide ;
  • installe des cols de cygne pour surélever la prise de gaz au niveau des soupapes et réduire leur risque d’inondation par de la matière en cas d’émulsion ;
  • vérifie plus fréquemment le fonctionnement des sondes de niveau ;
  • renforce le système d’alerte (report des alarmes par téléphone) et met en place un système d’astreinte dans le cadre du contrat de maintenance ;
  • met en place une montée en charge plus progressive pour minimiser le risque de moussage ;
  • fait vérifier la vanne de rétention des eaux pluviales par le fournisseur.

Une consigne d’exploitation est mise en place pour demander au personnel, lors de la vérification des soupapes, de regarder le contenu du digesteur à travers les hublots. Une procédure à suivre en cas de surpression dans le stockage de biogaz est établie.