Pollution
Humain
Environnement
Economique

Lors d’un redémarrage à 6h45, l’exploitant d’une usine chimique constate l’émission d’un panache orange d’oxydes d’azote (NOx) par la cheminée de l’atelier de production d’acide nitrique. Malgré la mise à l’arrêt de l’unité, l’émission se poursuit durant quelques heures. Le nuage est observé par les riverains qui montrent une forte inquiétude, relayée par les élus locaux. Les stations de mesure de la pollution proches ne montrent pas de dépassement des seuils de qualité de l’air, malgré les 800 kg de NOx envoyés à l’atmosphère.

Le procédé de production consiste en l’oxydation de l’ammoniac en monoxyde d’azote (NO), puis en NOx, qui réagissent avec de l’eau au travers d’une colonne d’absorption pour former de l’acide nitrique. La phase gazeuse ne contient plus que des traces de NOx, traitées par réduction catalytique sélective (SCR).

Lors de l’accident, une pompe qui alimente la colonne d’absorption en acide faible subit un défaut d’amorçage. Le débit d’eau dans la colonne est alors insuffisant pour produire l’acide nitrique. Les NOx se retrouvent donc en concentration élevée en sortie de colonne et sont rejetés à l’atmosphère par la cheminée sous la forme d’un nuage orange.

A l’origine, une défaillance du niveau du condenseur ne permet pas l’ajustement correct du niveau d’eau. Le condenseur se vide et la pompe se désamorce.

Par ailleurs, les opérateurs ne peuvent pas réagir à la dérive des rejets en NOx, car ils ne disposent pas des mesures de concentration en NOx au rejet. En effet au redémarrage, les opérateurs utilisent une ancienne salle de contrôle pour être au plus près de l’installation.

Les mesures de concentration en acide se font à la sortie du dénitreur pour des raisons de sécurité. La pompe du condenseur ayant désamorcée, l’acide faible produit dans le condenseur n’est plus évacué et se retrouve dans le dénitreur, faussant à la baisse les concentrations mesurées. Les opérateurs n’ont donc pas augmenté le débit d’eau dans le condenseur pour diminuer les rejets en NOx.

L’inspection des installations classées demande à l’exploitant :

  • de réaliser une étude technico-économique pour étudier les moyens d’éviter les rejets lors de l’arrêt. L’exploitant considère que la solution proposée a un coût disproportionné par rapport au bénéfice pour l’environnement et propose à la place une fiabilisation des procédés pour réduire le nombre d’arrêts ;
  • de modéliser la dispersion du panache de polluants, calculée avec les conditions atmosphériques de stabilité et d’inversion de température les plus pénalisantes (les photographies de l’accident montrent une forte stabilité due à l’heure matinale et à la présence de nuages) ;
  • qu’au moins 3 stations de mesure de qualité de l’air soient opérationnelles lors des phases d’arrêt et de redémarrage de l’atelier ;
  • la transmission des mesures de concentration lors du prochain redémarrage des installations.

A la suite de l’événement, l’exploitant :

  • modifie les procédures afin d’intégrer une surveillance de la pompe afin de détecter tout désamorçage;
  • modifie les vues d’écran en salle de commande;
  • définit les pompes critiques;
  • met à jour la liste des paramètres critiques.