Pollution
Humain
Environnement
Economique

Vers 10h30, dans une entreprise de fabrication de principes actifs pour l’industrie pharmaceutique, une explosion de vapeurs de solvants survient au niveau d’un caniveau du réseau d’effluents industriels. Une 2ème explosion survient immédiatement après.

Le personnel d’intervention interne arrête le process de fabrication et place le site sur rétention. Le POI est déclenché. Le réseau est noyé avec de l’eau issue du réseau incendie du site pour éviter tout risque d’une nouvelle explosion.

Les pompiers sont appelés mais n’ont pas à intervenir. A 11h56, la situation est sous contrôle et les personnes présentes (83 employés, 21 intervenants extérieurs) peuvent reprendre leurs activités.

Aucun blessé ou dégât n’est à déplorer. La vérification des canalisations du réseau d’effluents par endoscope ne met pas en évidence de dommage.

Analyses des causes

Les explosions sont dues à l’inflammation de vapeurs de solvants (heptane) contenues dans les effluents circulant dans le réseau. Ces effluents provenaient de l’atelier de séchage des produits de synthèse. Lors du séchage sous vide d’un principe actif contenant de l’heptane, du solvant est passé par l’anneau liquide des pompes à vide. Suite à des problèmes techniques, les anneaux liquides assurant l’étanchéité de ces pompes fonctionnent depuis plusieurs semaines en circuit ouvert (en eau perdue) avec l’eau du réseau. Les eaux sortant de ces anneaux sont rejetées dans le réseau concerné par les explosions. En temps normal, les pompes à vide fonctionnent en circuit fermé.

Lors de l’accident, des travaux effectués par une société extérieure étaient en cours. Un plombier installait un siphon en PVC sur une des bouches du caniveau contenant les effluents issus des pompes à vide. Suite à une difficulté pour le montage, il a pris l’initiative de chauffer la pièce à l’aide d’un chalumeau, sortant ainsi du cadre fixé dans le bon de travail préalablement établi. Le point chaud créé par le chalumeau a provoqué l’explosion. Le permis de travail n’avait pas identifié les risques qu’un effluent contenant du solvant inflammable en concentration importante circule dans le réseau à proximité du chantier.

La présence d’heptane dans le caniveau à une concentration comprise entre sa LIE et sa LES s’explique par une mauvaise condensation de ce solvant. En raison d’un problème de conception, l’installation de condensation située en amont des pompes à vide n’a pas permis de piéger suffisamment l’heptane du produit en cours de séchage. L’eau circulant dans les pompes à vide s’est chargée en heptane qui, ne se mélangeant pas à l’eau, est resté en surface et a donné lieu à l’émission de vapeurs.

La conception des installations de condensation des solvants et des pompes à vide n’avait pas été validée par un groupe de travail multidisciplinaire (travaux neufs, production, maintenance, HSE…). Le risque lié à la décantation de l’heptane après passage dans les pompes à vide avait été sous-estimé.

Mesures prises

Immédiatement après l’accident, l’exploitant détourne les eaux des pompes à vide vers un caniveau en eau, apte à recevoir des solvants, après collecte du surnageant dans un conteneur.

Par ailleurs, l’exploitant :

  • modifie les installations pour :
    • améliorer la récupération par condensation des solvants lors du séchage ;
    • permettre le fonctionnement des pompes à vide en circuit fermé ;
  • fait un rappel aux entreprises extérieures sur l’interdiction de sortir du champ des bons de travaux ;
  • révise ses critères pour la sélection des entreprises extérieures, en privilégiant le personnel formé au risque chimique.